Les Amazones d’Afrique : super-groupe super féministe
Samedi 2 mars, Les Amazones d’Afrique seront en représentation aux Fuseaux. jhm quotidien s’est entretenu avec Fafa Ruffino, l’une des membres de ce super-groupe profondément féministe. L’occasion de passer un message.
Pour les artistes habitués aux guindées scènes parisiennes, se rendre à Saint-Dizier peut sembler être un défi. Certainement pas pour Les Amazones d’Afrique, ce super-groupe de femmes qui sillonnent la France et l’Afrique pour délivrer leurs revendications, panafricanistes mais surtout féministes. « Notre objectif est d’apporter notre message dans des endroits « reculés », où les gens n’ont pas l’habitude de voir ce genre de spectacle », explique Fafa Ruffino, l’une des membres du groupe. Elle poursuit : « En Afrique, nous allons dans des lieux vraiment isolés, où parcourir 150 kilomètres prend plus de cinq heures. » Alors forcément, leur venue aux Fuseaux, samedi 2 mars à 20 h 30, a tout d’une formalité.
Trois chanteuses – Mamani Keïta, Fafa Ruffino et Kandy Guira ou Dobet Gnahoré (l’identité de la dernière n’est pas encore arrêtée) – et trois musiciens se produiront à Saint-Dizier, dans une ambiance qui promet d’être électrique. « C’est un spectacle rentre-dedans, avec un message fort », promet la chanteuse béninoise, jointe par téléphone.
La voie de la musique
En parlant de message, justement, celui des Amazones les transcende. C’est un groupe féministe, et c’est revendiqué. Il faut dire qu’en ayant été fondé en 2014 par Mamani Keïta, Oumou Sangaré et Mariam Doumbia, chanteuses autant qu’activistes, il pouvait difficilement en être autrement. « Dans tous les coins de cette planète, des femmes sont battues, violées, des enfants ne peuvent pas aller à l’école… », liste Fafa Ruffino. Alors, forcément, « le message des Amazones passe ».
Il passe par la musique. Une voie douce pour dénoncer des maux graves, très conscientisée par les chanteuses du super-groupe. « Si on veut faire passer un message indigeste, il faut mettre le miel. Sinon, les hommes se sentiront agressés et les femmes n’auront pas envie de l’entendre, parce que c’est trop dur », détaille Fafa Ruffino. Et de poursuivre, optimiste : « Les gens ont besoin d’entendre, de se sentir aimés, de savoir que quelqu’un les écoute, les voit, les regarde. »
Les Amazones parlent aux jeunes
La place du féminisme chez les Amazones d’Afrique est si forte qu’elle éclipserait presque le panafricanisme, autre élément moteur du groupe. « C’est un plus, mais ce n’est pas la priorité, on ne peut pas chasser deux lièvres à la fois », concède Fafa Ruffino. En revanche, ce qui lui importe, c’est qu’un maximum de familles soient présentes, et notamment des petites filles. « Ce sont les futures présidentes, députées, artistes… Nous ne sommes pas les premières, et nous ne serons pas les dernières », assure la chanteuse.
Parler aux jeunes, c’est avoir l’espoir qu’ils fassent bouger les choses. Et elles ont besoin de bouger. « Dès que ça va mal dans une société, ce sont toujours les femmes qui prennent les coups, pourquoi ? », tempête Fafa Ruffino. Elle poursuit : « Notre combat n’est pas de dire que les hommes sont méchants, mais de faire parler les femmes, qui sont là, dans le silence, et qui étouffent. » À bon entendeur, rendez-vous aux Fuseaux.
Dorian Lacour