Les affouages, tradition toujours vivace
Situé au cœur d’une région boisée, Silvarouvres détient environ 350 hectares de forêt, une richesse commune qui ne se limite pas à des besoins domestiques. Les habitants perpétuent l’affouage, symbolisant une connexion profonde avec leur environnement naturel.
Cependant, cette tradition n’est plus aussi répandue qu’auparavant, la modernité et l’évolution des modes de vie entraînant un déclin de l’usage de l’affouage dans de nombreuses régions.
A Silvarouvres, Maurice Sandalo assume le rôle honorable de garant des bois. Sa mission implique une responsabilité cruciale dans la gestion des ressources forestières du village. Il veille notamment à la durabilité de l’exploitation, garantissant que la coupe de bois se déroule de manière équilibrée et respectueuse de l’écosystème.
La procédure de l’affouage, au village, est méticuleuse. Les participants enregistrés se voient attribuer des parcelles de bois selon un triage au sort. Avant de commencer la coupe, ils doivent préparer les bois en créant des “filets” ou des chemins de quatre mètres de large, marqués par l’ONF (Office national des forêts).
Cette tâche exige une attention minutieuse, surtout sur des pentes parfois escarpées et glissantes. Le processus de coupe commence lorsque le garde officiel de l’ONF marque les arbres sur les parcelles désignées. Les participants peuvent alors procéder à la coupe et empiler le bois en bûches d’un mètre.
Le garde mesurera ensuite ces piles de bois pour déterminer la quantité exacte coupée par chaque participant. C’est sur cette base que chaque villageois contribue financièrement pour les stères de bois qu’ils ont récoltés.
Au-delà de l’aspect économique, il est essentiel de souligner le travail ardu et parfois dangereux dans ces vastes bois, où chaque participant s’engage sur des terrains parfois périlleux.
L’arbre futur
La tradition de l’affouage à Silvarouvres incarne une relation respectueuse avec la nature, tout en rappelant la nécessité de préserver cette pratique ancestrale dans le respect des écosystèmes et des conditions de travail difficiles. Ainsi, perpétuant la sagesse de la préservation, de nouveaux plants voient le jour à Silvarouvres.
Plantés par groupes de cinq dans des constructions spéciales en bois pour les protéger des caprices de la faune, ces jeunes arbres sont soumis à un processus sélectif unique.
Après une période de croissance, un seul arbre est élu pour devenir l’arbre futur, symbolisant la continuité et la pérennité de la forêt.
Actuellement, les cèdres prennent le relais des hêtres, chênes et autres charmes.
Cette évolution témoigne de l’adaptabilité face aux changements environnementaux, tout en préservant avec respect la quintessence de son héritage forestier.
A l’origine
Dans les villages ruraux, une tradition ancienne persiste, connue sous le nom d’affouages.
L’origine de ce mot à plusieurs interprétations possibles, parmi lesquelles se distingue la relation avec le terme “foyer” ou dérivé du latin “affodiare”, signifiant creuser ou fouir.
Le mot pourrait également être lié à la notion de foyer, symbolisant ainsi le cœur chaleureux de la communauté qui se rassemble autour de la chaleur générée par le feu.
L’affouage trouve ses racines dans la nécessité des communautés villageoises de se chauffer durant les mois froids.
Autrefois, cette pratique permettait aux habitants d’exploiter collectivement les ressources forestières pour leur propre usage. Bien que cette coutume a perdu de sa prévalence au fil du temps, elle demeure vivace dans de nombreux villages.