Les 50 bougies du Jaguar soufflées par les militaires
La base aérienne 113 a célébré, ce mardi 20 juin, le cinquantième anniversaire du Jaguar. Un avion de chasse qui, pendant plusieurs dizaines d’années, a survolé la planète et révolutionné la pratique des combats armés aériens. Retour sur son histoire.
« Officiers, sous-officiers, militaires du rang de la base aérienne 113 « Commandant Antoine de Saint-Exupéry », nous sommes réunis ce jour […] pour commémorer un événement qui a marqué l’histoire de la base aérienne 113. » Avec quelques jours de retard et en présence des anciens de la 7ᵉ Escadre de chasse et d’anciens militaires ayant travaillé dessus ou dedans, la BA 113 a fêté, ce mardi 20 juin, le demi-siècle d’existence du Jaguar. Un avion de chasse, sur lequel plus 2 000 pilotes ainsi que 10 000 mécaniciens ont été formés et qui a durant plusieurs dizaines d’années séjourné sur le site. La rétrospective est donc de mise.
« C’est le seul à avoir participé à tous les conflits d’après-guerre. »
Conceptualisé vers 1964, le Jaguar est réellement sorti du hangar en septembre 1968 pour son premier vol, à Istres. Après divers essais, l’avion de combat au bimoteur franco-britannique est mis en service en 1973 et rejoint la base aérienne 113, à Saint-Dizier, depuis celle de Mont-de-Marsan.
Le 24 mai 1973, plus exactement, un escadron a la charge d’assurer le transfert de six avions : le colonel Simon, le commandant Pelisson, les capitaines Menesier et Sauvebois, les capitaines Regnault, Escoffier, Glépin et le lieutenant Gal. « Sa structure était rustique, mais solide. Il pouvait être ravitaillé en plein vol », commentera, 32 ans plus tard, le capitaine Glépin dans les colonnes de Jhm quotidien.
En 1975, deux ans après l’atterrissage du Jaguar, Serge*, jeune technicien sorti d’école, aujourd’hui âgé de 65 ans, fait lui aussi son arrivée à la BA 113. Il travaillera pendant 26 ans sur l’engin. « À l’époque, on avait encore des Mirage III et anciens Mystère IV. Un peu comme le Rafale en 2005, c’était un avion avec des nouvelles technologies », explique le technicien retraité, quelques heures après la cérémonie anniversaire menée ce mardi. « Il est parti rapidement en opération. C’est le seul à avoir participé à tous les conflits d’après-guerre. » Parmi eux, la Mauritanie, le Tchad, l’Arabie Saoudite, dans le cadre de l’opération « Daguet », mais aussi l’Irak, le 17 janvier 1991, dans celui de l’opération « Tempête du désert ».
Une insolvable obsolescence
« Le Jaguar a amené une certaine révolution », ajoute Serge. « Au niveau de l’armement, il était très polyvalent. Puis, il a été précurseur dans le visage laser. C’était le seul avion de l’Armée de l’air qui emportait un pod laser qui pouvait guider des bombes. » Néanmoins, à l’instar d’une voiture vieillissante dont il faut se séparer faute de trouver les pièces pour la réparer, l’arme de pointe devient peu à peu obsolète. Après 32 ans d’idylle technologique, il est alors temps pour les militaires de l’Armée de l’air de lui dire au revoir.
Malgré son départ à la retraite, officialisé le 6 juillet 2005, l’avion de combat n’a, à ce jour, rien perdu de son aura. Comme en témoigne colonel Tanguy Benzaquen, lors de la cérémonie. « Le Jaguar a ainsi laissé une empreinte indélébile sur la base aérienne de Saint-Dizier, mais aussi au sein des populations alentours. »
*Le prénom a été changé
Dominique Lemoine