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« Les 18 tilleuls n’étaient absolument pas malades ! »

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Le 26 août, rien ne laissait présager que les tilleuls seraient abattus moins de 24 h après…

POLEMIQUE. L’abattage, en catimini, jeudi 27 août, au matin, des 18 tilleuls de la rue Louis-Ortiz, fait de plus en plus réagir. Sur les réseaux sociaux, les Bragards sont vent debout contre ce geste anti-environnemental. Les associations aussi montent au créneau et dénoncent les mensonges de la municipalité.

Mercredi dernier encore, Rachel Blanc, nouvelle adjointe en charge des Grands projets, assurait que la Ville était en attente des avis de la préfecture et de l’architecte des Bâtiments de France, avant d’abattre les arbres de la rue Louis-Ortiz. Moins de 24 h plus tard, les 18 tilleuls étaient à terre. Un mensonge de plus, pour certaines associations, de la part de la municipalité. « Selon eux, les arbres étaient atteints d’une maladie qui demandait leur abattage. C’est faux ! », lance Martine Roussel, déléguée départementale de l’association Sites et Monuments.

« Les tilleuls dérangeaient la municipalité dans son projet, il fallait les enlever… C’est la seule raison. »

Martine Roussel, déléguée départementale de Sites et Monuments.
Les membres de l’association avaient fait venir un spécialiste pour une contre-expertise sur la santé des arbres.

« Au vu des différents rapports d’expert, un seul était malade », ajoute Sandra Collin, membre du Groupe national de surveillance des arbres (GNSA). « D’ailleurs la municipalité l’a reconnu très récemment, à demi-mot, en disant qu’elle ne voulait pas prendre le risque qu’ils soient malades plus tard et qu’il faille alors refaire les travaux… » « Les tilleuls dérangeaient la municipalité dans son projet, il fallait les enlever… C’est la seule raison », poursuit Martine Roussel.

Abattage des tilleuls : « La Ville est juge et partie »

Et la déléguée de Sites et Monuments va même encore plus loin. « Depuis 2016, une loi interdit d’abattre des arbres qui forment une allée ou un alignement le long d’une voie de communication. Comme souvent avec la loi, des dérogations sont possibles. Le problème, c’est que l’autorité compétente pour les délivrer, c’est la municipalité. Dans ce dossier, la Ville est donc juge et partie. Ce n’est pas normal. »

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Martine Roussel et Sandra Collin ne comprennent pas la décision de la Ville d’abattre les arbres.

La Ville a donc les mains libres pour abattre ses arbres. Et elle ne s’en est pas privée. Jeudi, au petit matin, les tronçonneuses sont entrées en action. « Un riverain m’a dit avoir été réveillé par le bruit vers 7 h 45. Une demi-heure plus tard, tous les tilleuls étaient au sol », se désole Sandra Collin. « Ils ont fait ça très vite. D’ailleurs, quand on coupe à la hauteur où ils ont coupé, c’est qu’on veut faire vite… »

« Quel exemple pour les enfants ! »

Si l’abattage des tilleuls était annoncé depuis plusieurs mois, la Ville s’est toujours défendue en arguant la plantation d’autres arbres pour les remplacer, comme elle l’a déjà fait à d’autres endroits. Un argument qui ne convainc absolument pas les deux femmes : « Il suffit de se promener dans Saint-Dizier pour voir qu’un arbre sur deux qui a été planté récemment est malade ou mort », avance Sandra Collin.

Au début des travaux, trois tilleuls avaient déjà été abattus.

« Pas étonnant, quand on voit la terre dans laquelle on les plante ! », complète Martine Roussel. « Sur le quai Lamartine, ce ne sont que des gravats. Les arbres qu’ils vont planter ne prendront jamais racine dans des cailloux… Et pour les autres, il faudra attendre 50 ans pour retrouver l’ombrage des anciens. Et quel exemple pour les enfants ! Faire ça en face d’une école où les enseignants essaient de sensibiliser les enfants à la protection de l’environnement… Sans oublier la faune. Selon la LPO, il est interdit d’abattre des arbres avant la mi-septembre, car certaines espèces y sont installées. »

Plus de transparence

La déléguée de Sites et Monuments affirme aujourd’hui, que son association ne lâchera pas la Ville. Elle aimerait d’ailleurs que la collectivité rende public les prochains projets d’abattage d’arbres et aimerait que son association, comme toutes celles qui sont reconnues d’utilité publique puissent siéger dans les instances d’urbanisme communales et intercommunales. Elle souhaiterait, enfin, obtenir un inventaire complet des arbres de la ville et s’inquiète déjà pour les platanes de l’esplanade de la gare, dont le projet de pôle d’échange multimodal pourrait bien signer l’arrêt de mort…

P.-J. P.

pj.prieur@jhm.fr

« Mon rôle d’élu, c’était de trancher »

L’abattage des tilleuls de la rue Ortiz est un choix d’élu. Totalement assumé, qui plus est. « On a retardé d’un mois l’abattage des tilleuls, le temps de discuter avec le collectif et tous les experts », rappelle Quentin Brière. Et le maire de poursuivre : « On était arrivé à un moment dans le débat où les experts ne s’entendaient plus. Donc mon rôle d’élu, c’était de trancher. C’est ce que j’ai fait et je l’assume. Les analyses ne concordaient pas, mais mes services connaissent leurs arbres depuis des années, je leur ai fait confiance. Mais je ne pouvais pas faire plus de dialogue que ce qu’on a fait. »

Un abattage pas « de gaieté de cœur »

Si Quentin Brière reconnaît qu’il n’a pas pris cette décision « de gaieté de cœur », il précise tout de même qu’elle n’est « pas incohérente sur le plan environnemental. A cause du champignon qui s’y était installé, il aurait fallu abattre ces arbres dans 10 ou 15 ans. Or, avec l’augmentation des températures prévues dans les années à venir, je préfère avoir des arbres plus robustes que ceux-là pour apporter de la fraîcheur. C’est vrai que certains tilleuls allaient bien, mais à court terme ils auraient été fragilisés. L’Etat et l’architecte des Bâtiments de France nous ont dit qu’on était dans la légalité de le faire, tant qu’on gardait un alignement d’arbres. C’est ce qu’on va faire. »

De nouveaux arbres vont donc être prochainement replantés. « J’espère que les gens se réjouissent qu’on replante 180 nouveaux arbres sur le quai Lamartine et 30 rue Louis-Ortiz, au lieu des 20 que l’on a abattus ! », lance l’élu. Rue Louis-Ortiz, il s’agira « d’arbres au tronc de 20 cm de diamètre », souligne Rachel Blanc, adjointe en charge des Grands projets urbains, pour rassurer le collectif et les riverains.

Quant aux platanes de l’esplanade de la gare, Quentin Brière affirme que « le maximum est fait pour qu’ils soient protégés ». Wait and see…

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