Les 100 ans de Marcelle Boissier à Colombey-les-Deux-Eglises
C’est entourée de ses deux filles et de son gendre que Marcelle Boissier a fêté ses 100 ans mercredi 29 décembre, dans sa maison d’Harricourt, commune associée de Colombey-les-Deux-Eglises. La municipalité – qui avait prévu d’organiser une grande fête en l’honneur de sa doyenne – a fait le choix de la prudence, compte tenu de la situation actuelle, en venant lui rendre hommage chez elle, les bras chargés de fleurs et de présents.
« Voilà au moins 25 ans qu’il n’y a pas eu de centenaire dans notre secteur », a indiqué le Dr Clarisse Billette après avoir chaleureusement félicité sa patiente. Marcelle Boissier était très heureuse d’accueillir cette petite délégation, composée du maire de la commune et premier adjoint de Colombey, Henri Collin, de son épouse, et de la conseillère municipale Sophie Esmard, et donc du Dr Billette.
Marcelle Boissier a vu le jour le 29 décembre 1921, dans la maison où elle a toujours vécu, qui appartenait à ses parents et qu’elle n’a jamais quittée, si ce n’est quelques jours du mois de juin 1940 – elle avait alors 18 ans – lorsque le maire de l’époque avait ordonné aux villageois d’évacuer. « J’ai vécu l’exode et les réquisitions. Le plus dur c’était la guerre, même si à la campagne on a moins souffert des restrictions et de l’occupation. » Marcelle Boissier se souvient aussi que son mari Lucien avait contracté le tétanos en 1967, parce qu’il n’avait pas pu bénéficier d’un rappel vaccinal pendant la guerre, alors qu’il était requis pour le STO. Hormis ces deux périodes douloureuses et angoissantes, Marcelle s’estime chanceuse, bien qu’elle n’aie jamais ménagé ses efforts pour faire marcher la ferme, qu’elle a dirigée avec son mari pendant de nombreuses années. « Tous les deux on a travaillé dur. Je me levais à 2 ou 3 h du matin, j’avalais un verre d’eau et je partais traire les vaches. Mais je suis gâtée, j’ai une belle famille. Mes trois enfants se sont toujours bien entendus, même s’ils se faisaient souvent des blagues. Michel, surtout, était farceur ».
Une mémoire exceptionnelle
Si son fils aîné, Michel, ainsi que sa famille, n’ont pas pu être de la fête en raison de la crise sanitaire, en revanche ses filles Gisèle et Claudette entouraient leur mère, en répondant aux nombreux appels téléphoniques qui ont ponctué cette journée mémorable ou bien en réceptionnant les bouquets de fleurs qui arrivaient par dizaines. Sa fille Claudette, surtout, qui réside dans le même village, s’occupe beaucoup de sa maman : « C’est quelqu’un de très curieuse, elle est intelligente et s’intéresse à beaucoup de choses. Sa seule frustration aujourd’hui, c’est de ne plus pouvoir lire et écrire en raison de la faiblesse de ses yeux. Ma mère est un esprit libre, au franc parler. Il lui arrivait d’ailleurs souvent d’écrire et d’envoyer des lettres d’opinion au courrier des lecteurs du journal ». Un vivacité qu’on remarque en effet rapidement lorsque l’on bavarde avec Mme Boissier, dont l’esprit caustique et la mémoire exceptionnelle font plaisir à voir.
Veuve depuis le 1er janvier 2009, Marcelle Boissier a aujourd’hui douze arrière-petits-enfants, dont elle peut citer la date de naissance sans le moindre doute. Doyenne de son village et plus largement des neuf localités qui composent la commune de Colombey-les-Deux-Eglises, elle est un modèle et une fierté pour bon nombre d’habitants de la localité.
Le maire est venu rendre hommage à la doyenne du village à l’occasion de ses 100 ans.