L’équipe de la Résidence sociale jeunes a fait ses voeux
C’est un trio toujours aussi dévoué qui entame 2024 aux côtés des jeunes logés à la Résidence sociale de Chaumont. La détermination à accueillir au mieux demeure intacte malgré quelques craintes relatives au durcissement juridique et administratif.
A la saison des souhaits, on se prend à tout imaginer un cran au-dessus. Pourtant, à écouter ceux de Florence Horiot, Maryline Petitot et Franck Cottrelle, les voeux n’ont rien d’une mer à boire. Juste veiller à ce que l’humanité demeure, envers et contre tout. A Florence Horiot, directrice, le mot d’ouverture : « Prendre garde à la loi immigration. Ici, à la Résidence, on a des jeunes qui ont tout fait pour être insérés. Apprendre le français, passer des diplômes. Au quotidien, ils sont irréprochables. J’ai peur que les amalgames et le durcissement législatif ne rendent tous leurs efforts caducs ». La directrice ajoute : » Pour certains, ils ont traversé énormément d’épreuves avant de se stabiliser. Il faut cesser avec les fantasmes qui consisteraient à croire qu’ils arrivent et que tout tombe cru dans le bec. Tout ce à quoi ils ont droit, au début, c’est un titre de séjour provisoire, et numéro de sécurité sociale temporaire ». Pas un rond. Rappelons par ailleurs que, Résidence sociale ou pas, il est nécessaire d’être solvable pour être accueilli. Le loyer tout compris est certes modeste, mais incontournable.
Plus de cohésion et quelques travaux
Maryline Petitot, animatrice régisseuse, souhaiterait proposer davantage d’animations : « Se retrouver, c’est essentiel pour l’équilibre et la cohésion de la Résidence ». L’animatrice aimerait aussi un vrai relais des bailleurs sociaux. Une fois les jeunes mis sur des rails, pourvus de CDI ou assimilé, la location d’un appartement à loyer raisonnable s’avère parfois très long voire éprouvant. Sans surprise, Franck Cottrelle, agent de maintenance, demande à 2024 un petit coup de main sur l’entretien : « Il serait bien de revoir les modalités d’isolation des logements, vieillissantes voire obsolètes. Egalement, la plomberie, l’eau potable, actuellement, ne l’est plus ». La Résidence sociale jeunes, locataire de ses bâtiments, ne peux pas pourvoir à tous les travaux faute de permissions contractuelles. En conclusion, l’équipe a rappelé l’étonnant courage de certains jeunes, leur inextinguible volonté de s’en sortir, comme poussés par une soif d’avancer qui viendrait du bout du monde.
Elise Sylvestre
Moussa, 21 ans, ou le rêve français
A quinze ans, il quitte seul le Mali pour échapper à un destin qui n’augure rien de bon. Moussa se souvient : « Je n’allais pas à l’école, je ne trouvais pas de travail. Chez moi, il n’y avait qu’une école coranique. Je n’en voulais pas, pas assez français. » Moussa arrive en France mineur, il est donc pris en charge par le département et envoyé en CAP travaux publics. Il n’a pas le choix du cursus, et apprend le français. Durant son apprentissage, il fait des stages et demande à travailler l’été. Il y a trois mois, son maître d’apprentissage lui offre son CDI. Maintenant qu’il travaille, Moussa espère respirer un peu avec l’administratif, tentaculaire, délivrant des titres indéfiniment provisoires : » Si tu as envie de prendre ce qu’un pays peut t’offrir, tu t’accroches. Sinon tu pars. Alors je m’accroche, je me conforme, et peut-être, un jour, devenir français ». Diplomé et salarié, Moussa doit renouveler tous les trois mois son titre de séjour. En contrat d’apprentissage, il gagnait 780 euros, payait son loyer de 250, ne touchait aucune aide.