L’épée de Damoclès – L’édito de Patrice Chabanet
Dans moins de huit jours, la France devrait entrer en déconfinement. Mais point de certitude. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, s’est voulu plus réservé. Tout dépendra de l’attitude des Français cette semaine. Tout relâchement et, donc, tout risque de reprise de la pandémie remettraient en cause la date fatidique du 11 mai. Pour le moment, sur le front sanitaire, les tendances sont à la baisse tant pour les admissions en réanimation que pour les décès. Le nombre de personnes hospitalisées est lui aussi en retrait. De toute évidence, le confinement a été efficace. La seule question qui vaille aujourd’hui est la suivante : comment les Français vont vivre le déconfinement, sachant qu’il n’est pas total et qu’il est tributaire de la couleur des départements ? Si l’on est optimiste, on peut espérer que nos compatriotes auront à cœur d’observer les gestes barrières et le port du masque pour capitaliser sur les sept semaines d’efforts qu’ils ont fournis. Si l’on est pessimiste, on peut craindre une attitude débridée après une si longue période de contraintes. L’ouverture des commerces constituera un bon test. La fringale d’achats, après la grisaille du confinement, pourrait provoquer une ambiance de lancement des soldes.
C’est dire qu’avec cette épée de Damoclès au-dessus de leur tête les Français, et pas seulement ceux qui nous gouvernent, ont leur destin en main. Cela s’appelle le civisme. Encore faut-il que les règles soient bien définies. L’affaire des écoles montre que les dispositions adoptées par le gouvernement sont encore discutées parce que discutables. De façon plus générale, il faut s’attendre à des couacs à l’épreuve des faits. Le côté inédit du Covid-19 ajoute à l’incertitude. Y aura-t-il une deuxième vague ? Sera-t-elle plus violente que la première ? Personne n’a la réponse. Il n’y a qu’à regarder la carte du déconfinement en Europe pour s’en convaincre. Chacun y va à la vitesse qu’il juge la plus appropriée. Chacun tente de concilier deux impératifs : le sanitaire et l’économique. Relativement facile sur le papier, plus compliqué sur le plan pratique.