L’envolée de Maître Cotillot
Assurant la défense d’un consommateur de cannabis répondant de faits d’acquisition et cession de stupéfiants, Maître Cotillot s’est élevée contre l’attitude – supposée – des forces de l’ordre accusées de protéger certains trafiquants.
Si aucune donnée précise ne peut être avancée, les estimations de plusieurs spécialistes traduisent l’ampleur d’une économie parallèle : la mise sur le marché de 200 tonnes de cannabis générerait des échanges d’un montant de 800 millions d’euros. Si le nombre de cannabiculteurs – amateurs ou professionnels – ne cesse de croître, la majeure partie des volumes écoulés sur le territoire français sont produits au Maroc, la proximité avec Portugal, Espagne et Italie permettant d’acheminer d’importantes quantités sur le continent européen. Perdurant depuis plusieurs décennies aux yeux et au su des tous, cette situation a notamment fait l’objet de surréalistes négociations, la démarche des autorités françaises visant à inviter Mohamed VI à limiter la production de cannabis sur le sol marocain.
Loin des Européens et Marocains tirant de juteux subsides d’un trafic bien en place se tisse un tentaculaire réseau permettant d’écouler les centaines de tonnes. Prisée d’adolescents et jeunes adultes, herbe et résine font la petite fortune de semi-grossistes enrôlant des consommateurs tout heureux de financer leur consommation personnelle en écoulant quelques dizaines de grammes.
Plaquettes et menaces
Studieux et sportif jeune homme de bonne famille, Omar Zem n’aura pas tardé à découvrir les arcanes du trafic de cannabis. «Je fumais de temps en temps et j’ai commencé à acheter des quantités plus importantes pour dépanner dans amis», se remémorait le prévenu. En avril 2011, un dealer propose au lycéen de lui avancer plusieurs dizaines de grammes de cannabis. Les transactions à bord du véhicule du grossiste se multiplient. Les 200 grammes de résine sont cédés au prix de 780 euros. Omar Zem écoule plusieurs plaquettes sans véritablement tirer profit de cette activité. «Nous avons eu un nouveau rendez-vous et on m’a remis un sac censé contenir un kilo, expliquait le prévenu. Je n’avais jamais demandé une telle quantité, il n’y avait pas un kilo, le cannabis était infumable, mais le vendeur a exigé que je lui verse 4 400 euros. J’ai été menacé de mort et je me suis réfugié chez un ami d’enfance.» Sous les conseils de son père, Omar Zem finira par se présenter au commissariat de Chaumont où il remettra 350 grammes de cannabis aux enquêteurs. Violenté par des jeunes d’un quartier populaire chaumontais à sa sortie de garde à vue, le jeune homme et sa famille subiront par la suite diverses pressions.
«Les grossistes ne sont jamais arrêtés»
Assurant la défense du jeune consommateur, Maître Cotillot s’est élevée contre l’absence de poursuite à l’encontre du grossiste. «Tout le monde connait ce grossiste, cet homme et sa famille ont pignon sur rue depuis trente ans. Ces personnes savent nourrir les services de police et de gendarmerie, c’est ma conviction, elle est profonde et étayée ! On se contente d’arrêter de petits consommateurs. On fait croire qu’on fait le ménage en déplaçant la poussière ! Il a été établi que les menaces de mort avaient bien été envoyées depuis le portable du grossiste, mais cet homme continue à parader au volant de son carrosse. Au final, cet homme s’en sort et mon client et ses parents sont terrorisés», soulignait l’avocate avant de solliciter la clémence du tribunal et une non inscription de la condamnation au bulletin N°2 du casier judiciaire. Et pour cause : Omar Zem veut devenir policier.
Le juge Thil aura – en partie – répondu à l’appel de Me Cotillot. Condamné à quatre mois de prison avec sursis, Omar Zem pourra espérer embrasser une carrière dans la police nationale.