L’engrenage – L’édito de Patrice Chabanet
A chaque jour sa petite poussée de tension. L’Ukraine se rapproche lentement et presque sûrement du point de non-retour. Il y a les menaces verbales du côté russe et les mises en garde de plus en plus appuyées du côté occidental. Mais on peut toujours faire dire aux mots ce que l’on veut. En revanche, la situation du terrain parle d’elle-même. Les 100 000 hommes, et sans doute plus, déployés par la Russie sont disposés pour une attaque et non pas dans une posture défensive. L’Ukraine n’a aucune velléité expansionniste vers son grand voisin. Cette asymétrie plaide pour la mauvaise foi de Moscou.
Pour le moment, au-delà du tam-tam médiatique, les deux camps gardent leur sang-froid et se limitent à des gesticulations comme dans un jeu dont ils pensent maîtriser les tenants et, surtout, les aboutissants. Mais l’Histoire est remplie de ces évènements, apparemment secondaires, qui font basculer un simple incident dans un embrasement général. Les centaines de milliers de soldats russes qui rongent leur frein depuis des semaines n’attendent sans doute que l’ordre d’attaque.
A la différence de ce qui s’est passé avec la Crimée, les Occidentaux paraissent bien décidés à réagir avec vigueur. Il en va de leur crédibilité. La réponse militaire n’est pas officiellement évoquée, mais on la sent poindre dans certains pays qui continuent à voir une filiation entre l’URSS et la Russie d’aujourd’hui. Depuis la chute du communisme, l’Europe est confrontée pour la première fois à un risque de guerre généralisée qu’elle pensait écarté pour des décennies. Puisons dans nos adages pour éloigner l’inéluctable : si tu veux la paix, prépare la guerre. Cette préparation est en cours.