L’enfer su Terre – L’édito de Patrice Chabanet
Le pape ne croirait pas à l’enfer. Il en aurait fait la confidence à un journal italien. Propos rapidement démentis par le Vatican. On le comprend aisément tant cet aveu pouvait passer pour un chamboulement complet de la doctrine chrétienne. Dans son adresse urbi et orbi, aujourd’hui sur la place Saint-Pierre, François évoquera sans doute l’enfer, mais pas celui des croyants et des théologiens, l’enfer sur terre. Il a pour nom la guerre. La Terre sainte, la mal nommée, en donne un exemple abouti. Seize manifestants palestiniens ont été abattus par l’armée israélienne, vendredi, dans la bande de Gaza. 1 400 ont été blessés. On comprend la détermination de l’Etat hébreu à maintenir un haut niveau de sécurité à ses frontières, mais son action militaire paraît disproportionnée. Même l’Administration Trump s’est dite « profondément attristée par les pertes humaines », ce qui ne correspond pas tout à fait à un soutien sans condition aux méthodes employées par le gouvernement Netanyahu.
Dans sa bénédiction, le pape n’aura que le choix des lieux pour évoquer les régions du monde qui connaissent l’enfer. En Syrie et en Irak, le mal absolu que représente Daech a baissé pavillon, mais non sans avoir massacré au préalable des milliers d’innocents. Il continue encore à inspirer et à téléguider des illuminés qui s’arrogent le droit de représenter Dieu sur terre. L’Aude, dans sa chair, et l’ensemble du pays dans son âme viennent d’en faire les frais. Ailleurs, dans le monde, c’est l’autoritarisme ou la dictature qui enserrent les peuples : en Russie, en Chine, en Corée du Nord, en Egypte etc. Bref, rien de nouveau sous le soleil. L’expression, rappelons-le, est tirée de l’Ancien Testament. Elle fait référence au roi Salomon qui l’aurait prononcée avant de mourir après avoir dit : « Ce qui fut, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera ». Un constat pessimiste ou une prévision ? Force est de constater que, d’année en année, les papes se suivent et sont contraints de reprendre la litanie des malheurs de l’humanité.