L’embardée – L’édito de Patrice Chabanet
Ce n’est plus un dérapage, c’est une embardée. Le déficit public français est devenu hors de contrôle. Il devait atteindre 4,9 % du PIB (Produit intérieur brut). Il s’est finalement établi à 5,5 %. Un petit écart apparemment insignifiant si l’on s’arrête aux pourcentages. Un coup de massue financier si l’on parle en euros : 15,8 milliards. Ces chiffres ont libéré la parole, y compris chez les modérés. « Un dérapage, pas tout à fait inédit mais très, très rare », a commenté Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes. « Le résultat d’une politique budgétaire désastreuse », a renchéri Gérard Larcher, le président du Sénat.
Qui dit embardée ne dit pas obligatoirement crash. Pour une raison toute simple : l’effondrement de la France signifierait la fin de l’euro et, ipso facto, celle de l’Europe. Ce n’est vraiment pas le moment quand la Russie ne rêve que d’une chose : démanteler l’édifice européen.
Il n’empêche, notre pays ne pourra pas éternellement laisser passer les trains des déficits. Cette fois-ci plus encore, des mesures radicales, donc douloureuses, s’imposent. Elles passeront par la réduction des dépenses ou par l’augmentation de la fiscalité, ou les deux à la fois. Foire d’empoigne assurée.
La dérive des déficits n’est pas l’apanage du secteur public. Le groupe privé Altice (télécom) est en train de couler sous une masse de 24 milliards d’euros de dettes. Atos (informatique) boit lui aussi la tasse avec plus de 3 milliards d’euros d’endettement. Dans les deux cas, la priorité est à la « restructuration » de la dette. Un euphémisme pour expliquer ce qu’il va en coûter pour les créanciers.