L’embardée finale – L’édito de Patrice Chabanet
L’embardée finale – L’édito de Patrice Chabanet
Ce n’est pas l’affaire du siècle, mais le « pétage de plombs » de Patrice Evra en dit long sur ce monde un peu particulier qu’est le football professionnel. Répliquer à des provocations d’abrutis, surtout quand elles viennent de supporters de son propre camp, peut se comprendre. Mais le joueur marseillais n’est pas monsieur Tout-le-Monde pris dans une altercation. Son statut, sa notoriété et ses succès antérieurs lui faisaient obligation de garder ses nerfs. Là, visiblement, son self-control s’est révélé inversement proportionnel à son compte en banque. Le coup de pied donné au visage de son agresseur verbal est donc inacceptable. En toute logique, l’OM a annoncé hier soir sa mise à pied, le sas probable avant un licenciement en bonne et due forme. L’arrière phocéen a 36 ans. Son avenir était déjà dans le dos. Il sort maintenant par la petite porte, celle du déshonneur.
Mais il est un peu facile de crier haro sur le baudet. La carrière professionnelle de Patrice Evra est parsemée d’incidents et de coups médiatiques. C’est lui qui avait mené la fronde des Bleus lors du Mondial en Afrique du Sud en 2010. Visiblement, cela n’a pas gêné les clubs qui l’ont employé. Ils n’ont vu en lui que ses capacités sportives. Ils ont fermé les yeux sur un caractère instable et fantasque. Dernier « exploit » en date : une exhibition pour Halloween, avec sabre en plastique et le torse inondé de faux sang. Quand des dirigeants de clubs recrutent un personnage incontrôlable, ils ne peuvent pas feindre la surprise. En le payant plus de deux millions d’euros par an, ils ont cru à la résurrection du joueur. En retour, ils ont assisté à son déclin d’abord sur le plan sportif, ensuite dans sa relation avec le public. En fin de compte, l’histoire de Patrice Evra est celle d’un enfant gâté. Le ruissellement de fric dans le football professionnel lui a fait perdre la tête. Gérer son image de vedette est plus difficile qu’améliorer ses performances sportives. Est-il le seul responsable de ce déséquilibre ? Certainement pas.