“L’éloge de la folie” : l’édito de Patrice Chabanet

Quand la démocratie se suicide elle le fait dans la déraison. Avec l’élection de Javier Milei, le nouveau président argentin, c’est la folie autoproclamée qui prend le pouvoir. Son cri de guerre est clair : « Vive la liberté, bordel ». Ses adversaires sont traités de « fils de putes ». Donald Trump, grand expert en vulgarité ne s’y est pas trompé : il l’a félicité. Un adoubement dans les règles du populisme.

De ce côté-ci de l’Atlantique, avec un peu (beaucoup) de condescendance on a vite pointé le peuple argentin pour son choix hallucinant. Il faut plutôt y voir l’expression d’un profond dégoût d’un système politique à bout de souffle, avec des résultats économiques désastreux. Vitrine de l’Amérique du Sud, l’Argentine s’est tiers-mondialisée. D’une certaine manière, les classes moyennes, pivot de la société, se sont servies de Javier Milei comme d’un bélier pour casser la baraque de l’incurie de l’Etat. Un choix par défaut.

De ses ruines, l’homme qui adore s’afficher avec une tronçonneuse, sortira-t-il son pays du marasme ? La dollarisation annoncée de l’économie risque d’enfermer l’Argentine dans un cadre peu propice aux coups de folie. Or le peuple attend des solutions rapides. L’heure n’est plus aux slogans démagogiques mais à l’action. Dans ce rôle, le comique troupier Javier Milei risque de montrer rapidement ses limites. En attendant, il pourra toujours compter sur les régimes autoritaires qui poussent comme des champignons.