Légal et légitime ? – L’édito de Christophe Bonnefoy
Voilà qui pourrait être un excellent sujet de philosophie, pour des jeunes en quête du sacro-saint baccalauréat. « Ce qui est légal est-il forcément légitime » ? Ou inversement. On pourra retourner le problème dans tous les sens. L’utilisation du 49.3, dans le cadre de la réforme des retraites, était légale. La promulgation, juste après l’avis du Conseil constitutionnel, de la loi qui va avec, l’était tout autant. On pourrait multiplier les exemples. Problème, ce qui est pour le coup fait dans les règles de droit, est extrêmement mal perçu par les syndicats, les oppositions et plus globalement les Français. Si bien que de « légal », on passe vite, selon les interlocuteurs, à une traduction qui certes, accepte d’une certaine manière les règles établies mais dénonce les moyens. « Déni », « passage en force », « provocation » ou même « mépris ». Les mots ne sont pas dans la Constitution. Mais reflètent l’état d’esprit.
Reste à savoir ce que fera ce lundi soir Emmanuel Macron de cette tension extrême. Il peut choisir de continuer sa route, sans dévier, en tablant sur l’extinction naturelle de la contestation mais au risque, à l’inverse, d’alimenter son foyer. Il peut, aussi, écouter ceux qui lui conseillent l’utilisation du référendum, la dissolution de l’Assemblée nationale, voire sa propre démission. On subodore qu’il ne se laissera aller à aucun des trois. Enfin, il peut tenter l’« apaisement », autre terme qui revient souvent en ce moment, cette fois dans la bouche de ses proches, et notamment de la Première ministre, Elisabeth Borne.
Encore lui faudra-t-il adopter, cette fois, la bonne méthode. Les mea culpa passés ont eu l’heur de n’engendrer, au bas mot, que des déceptions. Et des déceptions, on est visiblement passé, aujourd’hui, à une forme extrême d’exaspération. Ceci dans l’attente de nouvelles réformes, qu’Elisabeth Borne a promis d’accélérer…