L’effet poison – L’édito de Patrice Chabanet
L’effet poison – L’édito de Patrice Chabanet
Les partis dits de gouvernement n’en finissent pas de se contorsionner dans les affres de la division. L’effet Macron continue d’agir comme un poison à lente diffusion. A une échelle différente, socialistes et Républicains sont travaillés par des forces centrifuges devenues incontrôlables. Au PS, les instances dirigeantes tiennent du théâtre d’ombres. Le conseil national s’est inscrit résolument dans une posture d’opposant au nouveau pouvoir, mais on sait déjà que parmi les rescapés des législatives – la trentaine d’élus – la moitié votera la confiance au gouvernement ou s’abstiendra. Ce qui ne fera qu’accélérer la décomposition du parti. Chez les Républicains, la bataille des chefs s’annonce féroce. La violente charge de Xavier Bertrand contre la gouvernance du parti en général et le courant représenté par Laurent Wauquiez en particulier rend plus nets les contours du divorce à venir. Eric Woerth tente bien de crier halte au feu, mais croit-il vraiment au rabibochage de deux courants plus irréconciliables que jamais ? Sans oublier ceux qui sont déjà en train de se constituer en un groupe de « constructifs ».
La force et l’habileté d’Emmanuel Macron réside sans doute dans cette capacité à vaincre les troupes adverses et, « en même temps », à semer une zizanie meurtrière dans ce qu’il en reste. Outre une majorité nette et l’appoint du MoDem, il dispose en effet d’alliés objectifs au PS et à LR, des forces supplétives, diraient les militaires. Une configuration qui lui sera utile pour faire passer, entre autres, la pilule des ordonnances. Apôtre du renouvellement de la classe politique, le chef de l’Etat en revient finalement à la bonne vieille recette du « diviser pour régner ». Pour le moment, elle témoigne de son efficacité.