L’effacement – L’édito de Patrice Chabanet
Hors de toute considération politique, la descente aux enfers du PS a quelque chose de pathétique. Voilà un parti qui a été un acteur majeur de la vie démocratique française qui n’en finit pas de sombrer, pavillon bas. Les défections alimentent une suppuration
constante. Dernières en date : celle du député Emmanuel Maurel et de la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann.
Officiellement, il s’agit d’un divorce idéologique entre les tenants d’une gauche « authentique » et un parti qu’ils considèrent comme ayant jeté le socialisme aux orties. Plus prosaïquement, certains y verront l’attitude classique de rats qui quittent le navire. Olivier Faure, le nouveau patron du PS fait ce qu’il peut, mais à l’impossible nul n’est tenu.
Comment faire remonter à la surface un bateau coulé en 2017 ? Homme inconnu du grand public, sans charisme, Olivier Faure paye les pots cassés par un François Hollande, incapable de se représenter, et un Benoît Hamon, le fossoyeur électoral du parti. Il les retrouve aujourd’hui sur son chemin en grands conseillers de la résurrection socialiste. Une preuve de plus qu’en politique l’amour propre n’est pas une vertu cardinale. Le PS n’a toujours pas tranché entre une aile gauche, attirée aujourd’hui par les sirènes melenchonistes, et un courant social-démocrate, aspiré en partie par l’actuelle majorité LREM. La sanction de cet écartèlement est terrible: selon les sondages qui se succèdent les socialistes ne recueilleraient que 3 à 5 % des voix dans les élections à venir. Un
effacement qui fait penser à la trajectoire des radicaux au XXe siècle, passés d’un grand parti de gouvernement à celui de force d’appoint. La France insoumise peut espérer récupérer les déçus du hollandisme. Mathématiquement, c’est plausible. De là à espérer
conquérir le pouvoir et plus encore s’y maintenir, c’est une autre histoire. La gauche n’y est jamais parvenue, sauf en s’ouvrant vers le centre ou, du moins, les électeurs centristes. Mitterrand l’avait compris. Mais n’est pas Mitterrand qui veut.