L’échec annoncé – L’édito de Patrice Chabanet
Sauf miracle, le sommet du G7 au Canada devrait consacrer la rupture entre les Etats-Unis et les autres membres du groupe. Toute la dramaturgie qui l’a précédé le laisse clairement prévoir. Trump a fait savoir qu’il quitterait la rencontre avant la fin. Décryptage : il n’assistera pas à la discussion sur la protection de l’environnement et il ne figurera pas sur la photo officielle. Sa massive signature n’apparaîtra pas en bas du communiqué final. De leur côté, Emmanuel Macron et Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, ont attaqué bille en tête la politique commerciale américaine, notamment la surtaxation des importations d’aluminium et d’acier. Comme si ces désaccords ne suffisaient pas, le président américain a demandé, avant de s’envoler vers le Canada, la réintégration de la Russie dans le sommet. Les optimistes parleront de postures avant l’ouverture des discussions. Le réalisme oblige à constater que le fossé ne cesse de s’élargir depuis quelques semaines entre Washington et ses partenaires. Il ne pourra pas être comblé en deux jours.
Dans sa brutalité, Donald Trump joue peut-être plus finement qu’il n’y paraît. Le front qu’il trouve en face de lui n’est pas homogène. Ainsi, l’Italie qui vient de basculer dans le populisme a déjà rejoint le locataire de la Maison-Blanche en faveur du retour de la Russie dans le club des pays industrialisés. En Allemagne, c’est l’industrie automobile qui fait entendre sa petite musique. Elle prêche pour la modération avec Trump. Sa crainte est de voir ses véhicules surtaxés outre-Atlantique.où elle règne en maître sur le marché du haut de gamme. Quant aux Japonais, ils n’entendent pas voir fermer les bases américaines qui les protègent de la montée en puissance de la Chine. Des craintes qui inhibent toute tentation de heurter de front le colérique Trump. Ce n’est donc pas le formalisme du G7 qui rendra compte de la situation du monde. C’est plutôt l’évaluation d’autres maladies plus pernicieuses. L’Europe, pas vraiment unie, est-elle capable de résister aux assauts de la nouvelle Administration américaine ? Ou d’exister, tout simplement ?