L’eau du bain était trop chaude ? Déchaînement de violences à Marault
Le tribunal correctionnel de Chaumont a jugé un habitant de Marault pour un déchaînement de violences, le 7 janvier 2023 à l’encontre de sa compagne, le tout en état de récidive. Le déclencheur de cette explosion ? La température de l’eau du bain…
Enième dossier de violences conjugales. Le 7 janvier 2023, à 0 h 30, les gendarmes étaient alertés par une femme en détresse, une mère de famille enfermée dans le logement familial. Arrivés à Marault, les hommes en bleu pénétrèrent dans l’habitation par une fenêtre avant de prendre en charge une femme choquée, éprouvée. Madame vient d’être violentée par son compagnon. Endormi, monsieur sera cueilli dans son lit.
L’heure est venue de s’expliquer. « J’ai été marqué par la garde à vue et la détention, je souhaite aller de l’avant, je regrette mon geste, être enfermé comme ça, c’est horrible ». Essuyer des violences ne l’est pas moins. Les coups auraient pour origine une dispute en lien avec la chaleur de l’eau du bain de l’enfant du couple. Place aux insultes et puis, aux coups. « Pas des coups de poing, des claques », assura le prévenu. En dehors d’hématomes aux bras, notamment, la compagne de Dylan L. souffre d’une perforation du tympan gauche.
Récidive légale
Place à une difficulté majeure. Dylan L. a été condamné en 2020 pour des faits de violences conjugales sur sa compagne. Les coups avaient plu en 2019, le tympan de madame avait déjà été perforé. La victime fit par ailleurs état de violences subies par le passé, des violences non dénoncées. Autre point : oui, madame a mis une claque à son compagnon, « pour me défendre », une réaction légitime, proportionnée. Oui, une victime est en droit de se défendre.
« Malgré cette cause nationale, malgré les discours, personne dans le monde judiciaire ne semble avoir compris les mécanismes des violences conjugales, on demande encore à la victime de se justifier. (…) L’eau du bain était-elle trop chaude ou pas, est-ce que ça change quelque chose ? Après les insultes, après les coups, plusieurs coups, en plusieurs temps, monsieur empêche madame de sortir et lui prend son téléphone portable pour qu’elle n’alerte pas les secours », tonna Me Gromek au nom de la victime.
L’avocate décrira un « phénomène de dissociation traumatique » aux lourdes conséquences, « bien plus lourdes que les hématomes qui disparaîtront dans quelques jours ». Le prévenu ne prendrait pas conscience de sa responsabilité. « Monsieur frappe et menace de garder l’enfant, c’est le monde à l’envers, il est poursuivi en état de récidive légale, mais il parle de lui. Oui monsieur, c’est dur la prison, mais l’objectif est de protéger et d’assurer la sécurité de madame ».
« Propos inintelligibles »
Madame le procureur Pelletier porta à son tour l’estocade. « Monsieur l’a dit aux gendarmes, elle marque très vite, pour un rien, comment peut-on dire ça ? Une femme décède tous les deux jours de violences au sein du couple. Monsieur est en état de récidive légale, ses propos sont inintelligibles ! (…) L’eau du bain était trop chaude, le lendemain, ça aurait été les pâtes qui auraient été trop cuites », pointa la représentante du ministère public avant de détailler trois scènes de violences successives. Un certificat médical révèle des lésions au front, à la joue droite, au tympan, au cou, au bras, aux poignets et au dos. Le prévenu était en état d’ivresse manifeste. Et en état de récidive légale. « Quel a été le sens de la peine assortie d’un sursis probatoire prononcée en janvier 2020 ? »
Tout en veillant, en réponse à la partie civile, à spécifier qu’il n’était pas psychiatre, Me Merger tint à faire part de différents éléments. « Madame jette un verre de whisky au visage de monsieur puis ils se mettent des gifles mutuellement. (…) Monsieur exprime des regrets, une condamnation est intervenue en 2020, mais ils ont pu continuer de vivre ensemble. Monsieur travaille, il a la possibilité d’être hébergé. Quand on est entre quatre murs, on réfléchit, monsieur a réfléchi et il mesure sa responsabilité ».
Décision ? Douze mois de prison dont six assortis d’un sursis probatoire comprenant obligation de soins, interdiction de contact avec la victime et interdiction de paraître à son domicile. Le tribunal a notifié au condamné un aménagement ab initio de cette peine sous la forme de la semi-liberté. Libre de vaquer à ses occupations professionnelles en journée, le père de famille rejoindra, la nuit venue, la maison d’arrêt de Chaumont.
T. Bo.