Félix Faure : le voyage présidentiel le plus long
HISTOIRE. Plusieurs présidents de la République se sont rendu, au fil des décennies, en visite officielle au sein de la cité langroise. Mais aucune n’a égalé, en durée et en intensité, celle de Félix Faure en septembre 1895, demeuré quatre jours pour des raisons militaires, à la plus grande joie des Lingons.
La rumeur a commencé à courir, à Paris comme à Langres, dans la matinée du lundi 26 août 1895. Le président de la République, Félix Faure, s’apprêterait à passer plusieurs jours, en septembre, dans la cité de Diderot. Le chef de l’Etat fixerait ainsi à Langres sa résidence pendant qu’il assisterait aux très importantes manœuvres militaires prévues sur les plaines vosgiennes et haut-marnaises, de Hortes à Mirecourt, réunissant pas moins de 150 000 hommes sous la direction du généralissime Saussier.
La nouvelle est finalement confirmée le surlendemain, 28 août, par l’agence de presse Havas. Félix Faure arrivera à Langres le 7 septembre au soir et repartira le 10 décembre dans la journée. Il logera à l’hôtel particulier de la sous-préfecture. Le maire, Léon Mougeot, envoie aussitôt un télégramme à la présidence de la République pour faire part de « l’immense fierté » des Langrois. Les jours suivants voient le programme municipal initialement prévu être totalement bousculé. Les services de la Ville se surmobilisent pour un grand nettoyage et l’apport de décorations et d’illuminations spéciales. Ils sont bénévolement aidés par de nombreux habitants. Sous la direction du premier magistrat, toute la cité prépare au mieux l’événement.
Le jour J du 7 septembre ne se présente pourtant pas sous les meilleurs auspices. Un incendie frappe, dans la matinée, une habitation de la place de l’Hôtel-de-Ville, perturbant les ultimes préparatifs. Avec sang-froid, pompiers et employés municipaux permettent finalement de rétablir la situation à temps. Le président Félix Faure arrive, comme prévu, à la gare de Langres-Marne, peu avant 22 h 30, en compagnie du ministre des Armées, le général Zurlinden.
Acclamations et ovations
Léon Mougeot et le sous-préfet de l’arrondissement de Langres les accueillent sur le quai. Plusieurs voitures emmènent ensuite la délégation, direction la sous-préfecture. Le président se montre impressionné par les remparts, et encore plus par la foule monstrueuse qui, malgré l’heure tardive, l’attend place de l’Hôtel-de-Ville et l’acclame : « Vive le président de la République ! Vive Félix Faure ! ». Touché, Félix Faure arrête sa voiture et prend quelques minutes pour saluer les Langrois.
Par la suite, le chef de l’Etat passera l’essentiel de son temps sur le terrain militaire, supervisant les manœuvres, et ne revenant à Langres qu’en soirée. Il prendra tout de même le soin de visiter la cathédrale Saint-Mammès, ainsi que les hôpitaux de la Charité et Saint-Laurent. Une petite déambulation dans les rues, le 9 septembre, lui vaut de nouvelles ovations. Il repart finalement le 10 septembre, non sans avoir pris un dernier repas réunissant une trentaine de notables locaux. Cette visite présidentielle demeurera la plus importante à Langres jusqu’à celle du Général de Gaulle, en 1964.
N. C.