« Le virus est partout dans le département »
Représentant de l’Agence régionale de santé (ARS) en Haute-Marne, Damien Réal a fait un point de la situation sanitaire, hier en début d’après-midi. Il explique notamment pourquoi les chiffres sont si mauvais en Haute-Marne.
« Notre département connaît actuellement une circulation très active du virus. Le virus est partout et touche toutes les tranches d’âge », entame Damien Réal, délégué territorial de l’ARS en Haute-Marne. Il enfonce le clou et adresse un message à ceux qui se sentiraient à tort en “sécurité” : « Il n’y a pas de territoire qui soit épargné. Où que l’on se trouve dans le département, on peut être confronté au virus. »
À la date de jeudi soir, le taux d’incidence était de 540 pour 100 000 habitants sur les sept derniers jours. « C’est très élevé », déplorait le représentant de l’agence de santé. Le taux de positivité des tests atteint plus de 21 %. « Le taux d’incidence sur les personnes de plus de 65 ans, est de 616 pour 100 000 habitants. Là aussi, on voit une augmentation continue de ces indicateurs. » Malgré ces chiffres au-dessus de la moyenne française et de la moyenne en Grand Est, le nombre de passage aux urgences pour motif de Covid reste modéré. « On n’a pas de situation de saturation des services d’urgences pour raison de Covid. C’est une bonne nouvelle… »
Dynamique haussière
Jeudi soir, 110 personnes étaient hospitalisées en Haute-Marne en raison de la Covid et cinq en service de réanimation. « Depuis le début de l’épidémie, 115 personnes sont décédées dans les structures hospitalières. Je vous rappelle qu’à la fin du mois d’août, nous étions à 75 personnes décédées depuis la première vague. Depuis début septembre, 40 personnes sont décédées dans le département.
« Concernant la dynamique de l’épidémie, je rappelle que la région Grand Est connaît un décalage dans le temps : nous avons été touchés avec un petit peu de retard. Nous avons été épargnés au démarrage. Au sein de la région, les départements ne sont pas tous non plus dans le même tempo. Le département de la Haute-Marne a un décalage par rapport à la Marne et la Meurthe-et-Moselle par exemple », poursuit Damien Réal. La Haute-Marne est toujours « dans une dynamique haussière ou du moins dans un tassement très progressif ». La situation est similaire dans le Haut-Rhin et la Meuse.
Des effets dans une dizaine de jours
Pour Damien Réal, « le confinement est un moyen qui permet de casser les effets de l’épidémie, mais il faut attendre une dizaine de jours pour en voir les effets en Haute-Marne ». Mais le représentant de l’ARS en Haute-Marne, habitué au cours des derniers mois à se faire le messager des mauvaises nouvelles, veut voir une lueur d’optimisme : « Les métropoles placées sous couvre-feu et sous confinement commencent à en voir les effets, avec un ralentissement de l’épidémie sur différentes zones. Cela montre que le confinement porte ses fruits et que la réduction des interactions sociales casse la dynamique de l’épidémie.
En Haute-Marne, les effets du confinement sont « timides”. « J’invite l’ensemble de la population à ne pas baisser la vigilance. »
Une lueur d’espoir
Saluant la mobilisation du personnel soignant, le représentant de l’ARS appelle chacun « à être l’artisan de la lutte contre l’épidémie en respectant les gestes barrières ». Il préconise aussi de ne pas attendre d’être contacté par l’Assurance maladie pour prendre des mesures strictes. « J’invite toute personne qui a des symptômes à s’isoler et à redoubler de prudence pour éviter de contaminer ses proches dans l’attente d’obtenir un résultat. »
Damien Réal conclut en rappelant que la ruralité de la Haute-Marne « n’est pas un facteur protecteur. Dès que nous avons des interactions, nous pouvons être en contact avec le virus. »
« Nous devrions voir la lueur du bout du tunnel très prochainement. Dans cette attente, maintenons nos efforts pour casser ensemble cette dynamique. »
Sylvie C. Staniszewski
Moitié des Ehpad haut-marnais touchés
Les établissements accueillant des personnes âgées dépendantes font l’objet d’une surveillance particulière de la part des autorités sanitaires. Les personnes qui y sont accueillies étant particulièrement fragiles face au virus – de par leur âge et leur santé -, les conséquences peuvent se révéler dramatiques pour les résidants. « Moitié des Ehpad sont concernés par au moins un cas de Covid pour l’instant. Cela peut concerner le personnel, un résidant ou les deux. Un certain nombre de structures ont des cas nombreux qui génèrent une attention forte à plusieurs titres. Déjà, les résidants sont fragiles. Ensuite, les équipes qui interviennent en Ehpad sont relativement “modestes” en nombre et peuvent donc être rapidement déstabilisées quand trois, quatre ou cinq membres de l’équipe sont malades et ne peuvent plus travailler… »
Au retour des vacances, des campagnes de tests ont été réalisées début novembre « pour tester tous les personnels et identifier des éventuels agents malades ». « Pour un certain nombre de résidants positifs, nous avons des formes asymptomatiques. C’est plutôt une bonne nouvelle… Mais certains ont également des formes dégradées, nécessitant une hospitalisation. Deux résidants d’Ehpad sont décédés… »
Vite lu
Pas de comparaison possible
« Il serait hasardeux de comparer la situation actuelle par rapport à celle de la première vague parce qu’à l’époque on avait une capacité de tests qui était moindre. Moins de personnes étaient testées et davantage de personnes symptomatiques, dans l’environnement de personnes malades. Les taux de positivité étaient très importants lors de la première vague », indiquait hier Damien Réal. « Aujourd’hui nous testons les personnes qui ont des symptômes, des cas contacts et des personnes sans symptômes. Le panel de personnes testées n’est pas le même. »
Montée en puissance à Saint-Dizier
Les structures hospitalières font en sorte de ne pas déprogrammer d’interventions ou le moins possible. Pourtant, « elles se préparent à le faire et à augmenter la prise en charge des patients Covid. « À Saint-Dizier, les 24 lits dédiés à l’hospitalisation Covid sont d’ores et déjà occupés : Ils travaillent à déprogrammer des interventions la semaine prochaine et à monter à 36 lits de capacité d’hospitalisation de patients Covid.