Le tweet comme arme – L’édito de Christophe Bonnefoy
Sérieuse menace ou gros coup de bluff ? Envie d’en découdre ou simplement de faire peur ? Donald Trump n’étonne plus personne, lorsqu’il tweete au petit matin. En fait, le jeu désormais, pour les observateurs, est d’imaginer jusqu’où il va bien pouvoir aller, en seulement quelques dizaines de caractères sur le réseau social qui est devenu son terrain d’action.
On observe, depuis quelques jours, une montée en puissance de la tension entre l’Iran et les Etats-Unis. On savait l’ambiance des plus glaciales depuis le retrait américain de l’accord sur le nucléaire. On avait bien deviné que les attaques contre des pétroliers dans la région du Golfe avaient eu l’heur de mettre Trump en colère. Très en colère. On sait désormais – mais on s’en doutait, et pas rien qu’un peu – que de cette colère pourraient naître des actes, sinon irréfléchis, en tout cas aux conséquences dramatiques. Il aura suffi d’un drone abattu par les Iraniens pour que le pensionnaire de la Maison-Blanche envisage d’appuyer sur le bouton. Autrement dit, mette en branle la machine militaire. Avec Trump pourtant, il est en permanence nécessaire de nuancer. Il aurait, soi-disant, engagé la marche arrière une petite dizaine de minutes seulement avant de donner l’ordre à ses soldats de frapper l’ennemi juré. Argument : des centaines de morts iraniens pour un simple avion sans pilote détruit, ça n’avait pas de sens. Plus probablement, et ça répond de facto à la première interrogation, Trump a bluffé. Mais non sans laisser penser qu’il pourrait se montrer intraitable. Un peu comme en affaires : on avance un pion, on teste, quitte à reculer pour mieux impressionner ensuite l’adversaire.