Le travail récompensé
La Chaumontaise Amanda Chaney a été titularisée en défense centrale, pour la première fois, dimanche, avec les Dijonnaises, en D1, pour affronter l’ogre lyonnais. Au terme d’une belle prestation, la Haut-Marnaise et ses partenaires ont arraché le nul (0-0). Pour Amanda Chaney, cette première est la récompense d’un travail acharné, depuis plusieurs années. Coup de projecteur.
Qu’il semble loin le temps où Amanda Chaney jouait au football à l’ASPTT Chaumont, puis au Chaumont FC. Et pourtant, la Chaumontaise est jeune. Mais elle n’a pas hésité à quitter sa famille pour aller assouvir sa passion durant une année, au Creps de Reims (avec les garçons), puis trois du côté du pôle espoirs de Strasbourg. « Elle a vraiment bossé », déclare fièrement sa maman, Christine. « A Dijon, pendant les vacances d’été, elle n’est pas venue avec moi, afin de faire toute la prépa- ration avec l’équipe de Dijon, qui évolue en D1, et cela a payé. Elle s’est battue pour cela ! »
En effet, alors qu’elle évoluait avec les U19 nationaux du DFCO, Amanda Chaney s’est donc pré- parée avec les “grandes” (« cela est plus intense, cela va plus vite »), dont l’ex-internationale française Elise Bussaglia (192 sélections). « C’est une fierté, car c’est une grande joueuse », déclare avec humilité Amanda Chaney. « C’est bénéfique pour tout le monde, car elle donne des conseils. Elle est bienveillante. » La tête sur les épaules, la Chaumontaise alterne les entraînements et les études à la fac de Dijon, pour devenir professeur de sport. « J’ai l’habitude depuis que je suis jeune, de gérer tout cela. » Satisfait d’elle, Yannick Chandioux, l’entraîneur de la “D1”, décide de la garder dans le groupe. Elle dispute même les six dernières minutes, à Montpellier. Et puis, contre Reims, Ophélie Cuynet, la capitaine, est expulsée. Suspendue pour la réception de l’ogre lyonnais, le coach dijonnais décide de titulariser Amanda Chaney en défense centrale. « Il y avait de l’appréhension », explique la Chaumontaise. « Ce n’est pas
simple de jouer devant 5 000 supporters, mais je me suis dit que je n’avais rien à perdre et tout à gagner contre une équipe comme Lyon. Je voulais montre que le coach pouvait me faire confiance. »
Face à Ada Hegerberg !
Sous le regard de sa maman, qui vient la voir « à tous les matches à Dijon », Amanda Chaney a parfaitement muselé les attaquantes de Lyon, dont la Norvégienne Ada Hegerberg, ballon d’or en 2018 ! « On a bien défendu ensemble », déclare modestement la Chaumontaise. « C’est la première fois que l’on ne prend pas de but. C’est une fierté ! Je suis contente, car j’ai réussi une prestation correcte. » « Elle s’est battue pour en arriver là », ajoute sa maman. « On a fait beaucoup de kilomètres… » Lorsque Dijon est venu la cher- cher, elle n’a donc pas hésité à quitter Reims pour la Bourgogne.
« Dijon est un club pro en D1 et cela me rapproche de ma famille qui est très, très importante pour moi. D’ailleurs, je porte le N°22, comme la date de naissance de ma maman et de mon frère ! »
Amanda Chaney reconnaît qu’elle « aimerait bien disputer d’autres matches », avec l’équipe première « mais il y a du monde en défense centrale…» Et l’équipe de France “A” ? « C’est dans un coin de ma tête », répond la Chaumontaise, « même si cela est compliqué. » Sélectionnée en mai dernier avec les Bleues en U19, lors de la Sud Ladies Cup à Salon-de-Provence, la Haut- Marnaise n’a plus été appelée depuis. « Il y a beaucoup de monde, d’autant plus avec le développement du football fémi- nin », note Amanda Chaney. « Les places sont chères ! » Comme elle le reconnaît, « je ne suis peut-être pas la meilleure, athlétiquement, j’ai encore du travail, mais je suis une bat- tante. » C’est cette combativité, cette envie, qui lui ont permis d’être à Dijon et de jouer contre les Lyonnaises, aux treize titres de championnes de France et aux six titres de championne d’Europe !
Yves Tainturier