Le temps suspendu – L’édito de Christophe Bonnefoy
Seul le corps médical est à même d’expliquer précisément ce qui fait toute la différence entre le Covid-19 et une simple grippe. Il répondra ainsi, sans doute très simplement, à ceux qui s’exaspèrent qu’on semble plus s’affoler devant un virus qui a fait une vingtaine de morts en France jusqu’à aujourd’hui, quand la grippe en provoque chaque année des milliers.
Le principe de précaution est en marche. Jusqu’à l’excès peut-être. Mais nul ne peut prédire à quelle vitesse ce fichu virus se serait répandu si chacun était resté les bras croisés.
Les mesures prises chez nous depuis son apparition en Chine ont sans doute produit leurs effets, au moins sur le plan sanitaire. On n’en est pas encore à sortir du chapeau le vaccin miracle, mais au moins a-t-on réussi à contenir tant bien que mal la transmission du Covid-19. Il suffit pour s’en convaincre de lorgner du côté italien. L’hécatombe là-bas fait froid dans le dos et est probablement la conséquence d’une réaction trop tardive. A tel point que le pays tout entier a dû se résoudre hier soir à quasiment suspendre le temps. Déplacements à l’intérieur de l’Italie très fortement déconseillés.
Un fait est en tout cas incontestable : notre pays est dans le dur. On ne sait pas encore combien de temps sera nécessaire pour réduire le virus à néant. On constate en revanche qu’économiquement, les prévisions de croissance pour cette année subissent de facto une grosse cure d’amaigrissement. Les entreprises souffrent. Les marchés financiers, eux, vacillent. Et plus symboliquement, mais chacun sait que les symboles résument bien souvent à eux seuls la gravité d’une situation, notre quotidien n’est plus tout à fait le même. Qui aurait cru, par exemple, qu’un jour les grandes compétitions sportives se joueraient dans des stades vides, ou qu’il faudrait purement et simplement annuler des centaines de spectacles un peu partout dans le pays ?