Le temps judiciaire – L’édito de Patrice Chabanet
La Cour de cassation en a décidé ainsi : Nicolas Sarkozy sera traduit en justice pour corruption. C’est la première fois qu’un ancien président de la République est poursuivi pour une telle incrimination. Comme tout justiciable, l’ex-chef de l’Etat est présumé innocent. On saura donc d’ici à quelques mois si la présomption est confirmée ou si condamnation il y a. Mais, on s’en doute, c’est la portée politique d’un procès intenté à celui qui a dirigé la France pendant cinq ans qui prend de l’importance.
Nicolas Sarkozy est devenu la statue du commandeur de la droite. Après les déroutes électorales des Républicains, et plus particulièrement après le lourd revers des européennes, de nombreux militants voyaient en lui le sauveur qui pourrait remettre le bateau à l’eau. La mise en route de la machine judiciaire, avec son rythme bien particulier, vient de réduire à néant le retour de celui qui caracole dans les sondages. Il ne faut pas oublier l’affaire Bygmalion qui risque à son tour de rattraper Nicolas Sarkozy. Les procédures sont toujours en cours…
L’ancien locataire de l’Elysée ne se faisait pas d’illusions sur l’impact de ces affaires sur son éventuel retour au premier plan de l’actualité politique. Interrogé sur la possibilité de remplacer Laurent Wauquiez pour relancer LR, il avait répondu : « Ce n’est pas mon actualité ». Une façon prémonitoire d’annoncer un autre combat : celui qu’il mènera au tribunal. Certes, en politique, les rebonds sont toujours possibles. Mais là, la chosem semble extrêmement difficile, même s’il y a non lieu. En attendant, la présomption d’innocence n’efface pas le soupçon. La politique est assez cruelle pour le rappeler. Même dans son propre camp, Nicolas Sarkozy a dû constater qu’on ne se bousculait pas au portillon, sinon pour le défendre, du moins pour le soutenir dans ce qu’il faut bien appeler une épreuve.