Le temps de l’addition – L’édito de Patrice Chabanet
On croyait l’inflation vaincue sous la pression d’une concurrence exacerbée par la mondialisation. La revoilà. 4,8 % sur un an en France, un record depuis 1980. Dans le même temps, la croissance s’est brutalement arrêtée, alors qu’elle avait fait un bond de 7 % en 2021.
Il est toujours difficile d’identifier les causes de ce retournement conjoncturel. Elles s’enchevêtrent. La guerre en Ukraine est l’un des facteurs déclencheurs. Elle pèse sur le coût de l’énergie. Elle impacte aussi l’attitude des consommateurs qui revoient à la baisse leurs volumes d’achats, ce qui provoque à son tour une baisse de la croissance. CQFD.
L’avenir à court terme ? Une poursuite de l’inflation, de l’aveu de tous les gouvernements occidentaux et du FMI. L’addition économique risque donc de se transformer en addition sociale. L’inflation ronge le pouvoir d’achat. Or ce dernier alimente le mécontentement populaire, tel qu’il apparaît déjà dans le débat politique.
Il ne faudrait pas perdre de vue les conséquences géostratégiques de ce retour de l’inflation. Il pourrait alimenter une opposition contre notre engagement aux côtés des Ukrainiens. La revitalisation d’un vieux réflexe : on ne va pas se battre pour l’Ukraine, alors que le prix de l’essence ou de l’huile s’envole… Un atout dans la manche de Poutine.
De ci, de là, une petite musique se fait entendre : « ça va être difficile ». Sans pessimisme forcené, on peut le craindre. Ça va être difficile. Le deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron s’engage sur un chemin semé d’embûches.