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Le syndrome Camaïeu – L’édito de Jean-Jacques Manceau

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Et de trois ! Samedi soir, le dernier magasin Camaïeu du département, celui de Saint-Dizier, a fermé ses portes, laissant sur le carreau les trois vendeuses, qui rejoindront le bataillon des 2 600 salariés licenciés, au niveau national, après la liquidation judiciaire de l’enseigne de vêtements nordiste. Un gâchis qui ne surprendra personne en Haute-Marne, tant les habitants se sont habitués à l’attrition de cette enseigne après les fermetures des magasins de Chaumont et de Langres. La marque paye les errements stratégiques de ses actionnaires successifs qui se sont arraché la bête à grand renfort d’endettement, sous l’œil complice des syndicats plus préoccupés par le maintien des effectifs que par l’avenir de Camaïeu. Habitués à cette dette “magique” et perpétuelle, patrons et syndicats se retrouvent aujourd’hui pour reprocher à L’État son manque de soutien, et notamment le refus d’accorder un prêt garanti par l’État (PGE). Un déni d’une réalité plus profonde. Prise en étau entre les enseignes de luxe abordable qui cultivent une forte dimension communautaire sur les réseaux sociaux, à l’image de Sandro ou Sézane et les spécialistes de la mode à bas prix comme Primark, Zara ou H&M, pilonnée par les sites chinois de vente en ligne tels qu’Amazon mais surtout Shein ou Cider qui cartonnent chez les plus jeunes, Camaïeu et son positionnement “milieu de gamme” n’a plus sa place dans le paysage de la mode. D’autant que son endettement hypothèque tout projet de relance. Une faillite en forme d’avertissement pour les champions des années 80/90, les Célio, Devred, Burton of London, Gap, San Marina, La Halle ou encore C&A qui, à défaut de se réinventer, sont ou seront confrontés aux mêmes difficultés. Un enjeu de taille pour nos élus des villes moyennes de Haute-Marne car ce sont ces mêmes enseignes qui animent aujourd’hui nos centres-villes.

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