Le sursaut – L’édito de Patrice Chabanet
La victoire d’une dissidente socialiste dans une législative partielle en Ariège ne va pas modifier les équilibres politiques à l’Assemblée nationale. Mais elle en dit beaucoup sur les fractures de la gauche. Pour LFI, qui a vu sa candidate mordre la poussière, il faut y voir la collusion coupable entre une partie du PS et la droite. Les amis de Jean-Luc Mélenchon font mine d’oublier que les électeurs restent maîtres de leurs voix. Plutôt que de lancer des oukases, ils seraient bien avisés de s’interroger sur les raisons de la défaite de la Nupes que représente le revers aveyronnais.
Les cris d’orfraie d’Olivier Faure cachent son incapacité à rallier ses opposants au sein du PS. Ces derniers, c’est évident, sont déterminés à détacher leur parti d’une alliance funeste avec la Nupes. La victoire de leur candidate dissidente semble leur donner raison.
Face à un parti présidentiel, sans véritable leader mis à part le chef de l’Etat lui-même, la France ne dispose plus d’une véritable social-démocratie. L’électeur de gauche n’a le choix qu’entre les Verts, LFI, le PC et le reliquat d’un PS sans véritable chef, tous regroupés sous la bannière de la Nupes. Tôt ou tard, une recomposition s’imposera pour desserrer l’étau de l’extrême droite et de l’extrême gauche. Un travail de longue haleine si on en juge par l’état des Républicains et du Parti socialiste. En attendant, ils s’enfoncent joyeusement dans une confusion idéologique dont on ne parvient pas à distinguer le vrai du faux, la conviction du calcul politicien.