Le sprint – L’édito de Christophe Bonnefoy
On a connu des débats de second tour plus décisifs. Disons-le carrément : certains ont même peut-être fait basculer l’élection. Pas celui de mercredi soir. Il a, sans doute, accentué certains traits de caractère ou révélé des lacunes chez l’un(e) ou l’autre. Ainsi en a-t-il été de l’attitude du Président candidat, jugée arrogante par les équipes de Marine Le Pen. Ou de la connaissance des dossiers de la part de la présidente… du RN, dénoncée comme très partielle par les proches d’Emmanuel Macron. Chacun affirmant, quelques minutes après la fin des hostilités, que son poulain avait été le plus convaincant.
De bonne guerre. Mais la bataille n’a pas vraiment fait bouger les lignes, même si, on ne le répétera jamais assez, il ne faut jamais considérer les sondages – qui placent toujours Emmanuel Macron assez largement en tête – comme le marqueur définitif d’une présidentielle. Tout “scientifiques” qu’ils soient, ils peuvent laisser une place aux surprises. Qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Souvenons-nous ainsi de 2002…
Soyons réalistes, toutefois. Marine Le Pen n’a pas renversé la table mercredi. Et Emmanuel Macron ne s’est pas fait hara-kiri. La stratégie politique les oblige ainsi à voir un peu plus loin que dimanche. La présidente du RN, si elle reste seconde le 24 avril, aura juin en ligne de mire, avec des législatives qui pourraient renforcer la position de son parti. Et la sienne par la même occasion, à défaut d’avoir pu s’asseoir dans le siège élyséen. Elle tentera le coup en tout cas. Le Président – tout court – sait, lui, que si les Français renouvellent son mandat dimanche, ils ne lui signeront pas un chèque en blanc. Il devra en l’occurrence éviter un troisième tour… social celui-là. Une nouvelle campagne, en quelque sorte. Et peut-être encore plus compliquée que celle qu’il vient de mener.
Mais la peau d’un ours ne se vend jamais… On connaît la devise. Rendez-vous d’abord dans deux jours, à 20 h…