Le sordide absolu – L’édito de Patrice Chabanet
Le procès de Monique Olivier, c’est un nouveau voyage au bout du sordide et de l’insoutenable. Complice passive du monstre Fourniret ou co-instigatrice sans état d’âme des crimes les plus monstrueux ? On peut parier sans risque de se tromper qu’aujourd’hui, pas plus qu’hier, la vérité ne sortira des audiences. Monique Olivier est d’un calme glaçant, le même dont elle faisait preuve pour attirer les jeunes victimes, le même qu’elle manifestait lorsque son époux les violait avant de les tuer.
L’ampleur du nombre de victimes – toujours pas vraiment défini – interroge. Comment ces prédateurs ont-ils pu échapper à la justice des décennies durant ? L’enchevêtrement des niveaux d’enquête – gendarmerie, police, juges d’instruction concernés – a sans doute constitué un maquis dans lequel le couple s’est déplacé avec habileté. La raison d’une si longue impunité tient plus sûrement à un culot qui a toujours étonné les enquêteurs. Dernier exemple en date, ces mots prononcés ce mardi par Monique Olivier : « Dangereuse, moi ? Je ne suis pas du tout dangereuse ». Tout est dit.
Au-delà du système de défense de la survivante du couple maudit, il y a la détresse des familles des victimes. Le père d’Estelle Mouzin fait preuve d’une dignité qui force l’admiration. Les débats vont faire remonter à la surface les détails de l’épouvante. Rester digne dans ces conditions tient de la prouesse. A quelques mètres seulement de celle qui veut nous faire croire qu’elle a été elle aussi victime.