Le roc – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le roc n’était pas inébranlable, mais comme toutes les icônes, notre inconscient l’imaginait immortel. Même si on le savait malade du pire des maux, la nouvelle de la mort de Johnny Hallyday a immanquablement plongé le pays dans la stupeur, qu’on soit fan – ou pas -, qu’on l’érige quasiment en demi-dieu ou qu’on soit resté hermétique, et au personnage, et à sa musique.
Plus qu’un simple interprète, Johnny était devenu un symbole. Un Phoénix parfois, qui toujours avait su renaître artistiquement, grâce à cette intelligence innée de ceux qui sentent les tendances et savent parfaitement s’entourer. Les meilleurs auront écrit pour lui. Mais aussi, d’autres, plus imprévisibles, moins connus, chez qui il avait senti ce petit quelque chose qui fait les grands compositeurs.
Du rock au blues, des ballades à la variété, Johnny Hallyday avait su se remettre en question, donnant, encore et encore à un public qui l’aura suivi pendant des décennies. Un mélange de ces jeunes des années 60 devenus mûrs, et de nouvelles générations bercées par les chansons du rocker, d’hier à nos jours. Des centaines et des centaines de morceaux, dont beaucoup resteront à jamais gravés dans les mémoires : “Noir c’est noir”, “Gabrielle”, “Le chanteur abandonné”, “Diego”… Qui n’a jamais chantonné l’un de ces quatre bijoux…
Dès lors, il n’y aurait rien de choquant à imaginer un hommage national pour cette star à laquelle chacun avait, de près ou de loin, pu s’identifier. Où cette reconnaissance serait inimaginable pour nombre d’artistes, elle apparaît on ne peut plus naturelle pour lui.
Les hommages allaient dans ce sens hier : ça n’est, ni plus ni moins, qu’un pan de notre patrimoine national qui vient de s’en aller. Mais sa musique restera, c’est évident. Puissante, inoubliable. Comme lui.