Le revenant – L’édito de Patrice Chabanet
Il ne manquait que lui. Voilà François Hollande qui revient sur la scène présidentielle. L’état de dévastation du Parti socialiste lui a donné des ailes de sauveur potentiel. Oubliés, ses échecs pour rassembler la famille socialiste. Son mandat à l’Elysée s’est confondu avec la liquéfaction du PS. On en connaît le résultat aujourd’hui : Anne Hidalgo, candidate officielle du parti reste collée au plancher, sans espoir de rebond. Que peut attendre l’ancien chef de l’Etat ? Jouer les influenceurs ? Sa perte de crédibilité le lui interdit même s’il ne semble pas en avoir pris conscience. Certains, dans son propre camp, croient à une bonne blague. C’est dire. Se présenter lui-même au dernier moment ? Sur quelle base ? Sur quel programme ? Difficile de déceler ce qui distingue le Hollande de 2022 de celui de 2017.
En fait, les velléités affichées par François Hollande constituent un cache-misère du suicide collectif de la gauche. C’est grave pour la démocratie. Cette dernière ne peut pas faire l’impasse sur un courant d’idées qui demeure vivace dans les élections locales. En cela, la gauche française se distingue de ses homologues européennes. En Allemagne, par exemple, tout combat électoral s’inscrit dans une logique de long terme : ne jamais oublier le jour d’après où il faudra négocier avec ses adversaires pour former une coalition. Chez nous, à gauche comme à droite d’ailleurs, toute l’énergie est dépensée pour disqualifier ses propres alliés de parti. Le retour à petits pas de François Hollande en constitue une bonne illustration. Son renoncement forcé à la candidature en 2017 lui est resté en travers de la gorge. On peut le comprendre : qui pourrait se remettre de pareil camouflet ? Reste à savoir si le ressentiment peut remettre en selle la gauche dont on n’entrevoit toujours pas l’esquisse d’une vision globale.