Le retour – L’édito de Patrice Chabanet
Il nous manquerait presque. Pendant quatre ans il nous avait tellement habitués à ses frasques, à ses tweets délirants, à ses attaques personnelles et à son mépris affiché pour tout ce qui n’est pas américain. On s’attendait donc à ce que Trump poursuive sur sa lancée, malgré sa défaite électorale. C’est tout le contraire qui s’est produit : le mutisme a remplacé les bavardages à tout-va. Le retour au golf dans sa propriété de Floride l’a rendu muet. Plus sérieusement, ses avocats lui ont sans doute conseillé de mettre une sourdine à ses foucades contre son successeur, pour redresser son image avant son procès, demain au Sénat. L’acte d’accusation est lourd : incitation à l’insurrection, référence à l’assaut de ses partisans contre le Capitole. L’ancien locataire de la Maison-Blanche ne sera pas présent pendant le procès. De toute façon, ce sera un procès pour la forme : les Démocrates ne parviendront pas à obtenir une majorité de 67 sénateurs sur 100. Ils le savent, ils sont persuadés que cette première banderille affaiblira le milliardaire.
Le danger pour Trump vient d’ailleurs : ce sont les procédures lancées contre lui dans le champ fiscal. Il ne faut pas perdre de vue qu’aux Etats-Unis les incorruptibles du fisc sont plus redoutables que le FBI. A l’écart du pouvoir, il lui est plus difficile aujourd’hui de refuser de remettre ses déclarations fiscales.
Les Démocrates tiennent donc leur revanche. Mais au fond d’eux-mêmes souhaitent-ils une longue traque ? On peut comprendre que l’assaut contre le Capitole ne peut pas être passé par pertes et profits : l’attaque était d’une gravité exceptionnelle. Mais faire à nouveau du tam-tam sur les errements de Trump placera son successeur sous l’éteignoir médiatique. Or la Terre continue de tourner et les Etats-Unis ont tout intérêt à reprendre leur place sur la scène internationale. C’est le rôle dévolu à la nation-phare de l’Occident. Ses alliés traditionnels attendent d’abord ce retour à la normale.