Eco hebdo – Le retour de l’art divinatoire
Dans le fatras des commentaires spécialisés et des prévisions bien malin qui peut répondre à cette simple question : l’inflation va-t-elle emporter l’économie ? La mondialisation n’a fait qu’obscurcir le tableau. On aurait pu s’attendre à une homogénéisation des réponses à la flambée des prix. Or les États-Unis ne réagissent pas tout à fait comme l’Europe. Outre-Atlantique, les autorités monétaires ont sorti la grosse artillerie de la hausse des taux d’intérêt.
Résultat escompté : refroidir une économie en état de surchauffe. Crédit plus cher, donc demande en recul. En Europe, l’école américaine semble, avec un certain décalage, faire des adeptes avec une forte élévation des taux directeurs pour juguler une inflation sortie de ses gonds.
Avant l’été, les économistes et les politiques pointaient une faiblesse possible de l’activité en automne et se posaient la question de savoir comment relancer la machine. Aujourd’hui, c’est son emballement qui fait peur, sentiment conforté – autre « étrangeté »- par la vigueur de l’emploi, alors que beaucoup s’attendaient à une explosion du chômage.
Face à une réalité qui contredit les prévisions, on peut craindre des réactions erratiques des décideurs politiques. En l’espace de quelques semaines on est passé de la crainte d’une inflation incontrôlable à celle de la récession via la stagflation.
Pour contrer les conséquences inflationnistes de la hausse des produits pétroliers la priorité va au découplage de la boucle hausse des prix/hausse des salaires.
Jusqu’à présent ce pari est tenu avec des augmentations salariales largement en deçà de celles des prix. Mais il faudrait être aveugle et sourd pour s’imaginer que ce déséquilibre sera pérennisé par le corps social. D’où ces prévisions – encore – nous annonçant quasiment une explosion du système comme l’a été la rude expérience des subprimes. Les devins ont tout l’avenir pour eux.
Patrice Chabanet