Le récidiviste – L’édito de Patrice Chabanet
C’est reparti…Après quelques semaines de retenue, la Corée du Nord a remis ça, avec le lancement d’un missile stratégique. Ses performances sont accrues au point de transformer le territoire américain en cible potentielle. La provocation est bien là, avec un Kim Jong-un se flattant de pouvoir frapper n’importe quelle ville des Etats-Unis. Invariablement, après chaque essai nord-coréen, se pose la question de la réponse de Trump. Cette fois-ci, elle a été moins tonitruante que par le passé. A une menace militaire explicite, le président américain semble préférer une strangulation économique opérée par la Chine. En fait, il serait plus judicieux de s’interroger sur les intentions réelles du leader nord-coréen. On considère en général qu’il provoque pour provoquer et que son objectif principal est de fédérer son peuple autour d’un projet : intégrer la Corée du Nord dans le club très fermé des puissances nucléaires. Mais derrière ce nationalisme pur sucre peut se profiler une stratégie plus inquiétante : pousser, tôt ou tard, les Etats-Unis à s’engager militairement, avec la conviction que les Chinois entreront dans la danse.
Il ne faut pas perdre de vue que la société nord-coréenne est hypermilitarisée : 1,2 million de soldats et un conditionnement permanent de la population. Le danger vient de là : le cerveau des Nord-Coréens subit un lavage continu pour les préparer à la guerre. L’addition des provocations, le renforcement inéluctable des capacités militaires, le pouvoir sans partage d’un dictateur récidiviste et le peuple accoutumé à l’idée d’un conflit, tout cela constitue un grand classique et un cocktail particulièrement détonant. On a connu ce scénario en Europe…Pour le moment, Donald Trump, malgré ses foucades, n’est pas tombé dans le piège. L’armée américaine est bien placée pour savoir qu’il est plus facile d’engager le feu que de terminer une guerre. Mais il arrivera un moment où la provocation de trop risque de se payer cash.