Le rapport Sauvé fait réagir les fidèles
Après ceux de Bologne vendredi, l’évêque de Langres est allé ce lundi 15 novembre à la rencontre des paroissiens d’Andelot. Objectif : qu’ils s’expriment sur le rapport Sauvé qui a révélé une ampleur insoupçonnée de la pédocriminalité dans l’Eglise.
Depuis qu’elles ont été rendues publiques en octobre, les conclusions du rapport Sauvé sur les crimes sexuels commis dans l’Eglise ont secoué la société française. Dans la communauté catholique, l’ampleur du nombre de victimes de pédocriminalité – « 30 fois plus par rapport à ce à quoi nous nous attendions », a reconnu l’evêque de Langres – a suscité la stupeur.
« Ce rapport nous est tombé dessus soudainement ! », a témoigné une paroissienne d’Andelot, parmi la vingtaine de personnes qui, lundi après-midi, ont répondu présent au rendez-vous fixé par Mgr Joseph de Metz-Noblat et le prêtre de la paroisse, Benoît Sepulchre. De ce douloureux sujet, « il faut que les fidèles en parlent entre eux », a insisté l’évêque, qui avait organisé une première rencontre vendredi soir à Bologne.
« Part de responsabilité »
Et pour en parler, les participants se sont d’abord réunis en petits groupes. A l’issue de ces ateliers, ils ont fait remonter, devant le représentant de l’Eglise en Haute-Marne, leurs sujets de questionnement. Et par exemple celui de la réparation : « Est-ce aux fidèles de payer ? », se sont-ils interrogés. Non, a convenu l’évêque : « Ce serait trop facile, nous ont dit des victimes ».
Parce que l’Eglise en tant qu’institution a « sa part de responsabilité : nous aurions dû être plus vigilants », un fonds sera abondé. Mais « nous ne savons pas encore combien cela concernera de victimes, à combien ce fonds s’élèvera, s’il faudra vendre ou non des biens, ou s’il faudra faire un emprunt », a expliqué l’évêque, indiquant que dans un autre diocèse, un legs de 100 000 € provenant d’un prêtre pédocriminel sera destiné à ce fonds de réparation.
« Le célibat n’est pas une cause »
Autre question soulevée : celle du célibat des prêtres. Sur ce point, l’évêque a fait cette réponse tranchée : « Le célibat n’est pas une cause. L’enquête de l’Ifop a montré que 90 % des agressions sexuelles sur mineur se font dans le cadre familial. » Quant à la formation des prêtres, « il faudrait avoir le regard régulier d’un psy, et un psy qui soit en dehors de l’institution de l’Eglise », a estimé une fidèle.
Depuis l’affaire du père Prenat, en effet, des séminaires de formation ont lieu chaque année. « Mais vous savez, a ajouté l’évêque, j’en avais discuté avec un psychiatre : malheureusement, on ne repère un pédocriminel, terme qu’il convient d’utiliser plutôt que pédophile, qu’une fois qu’il est passé à l’acte. »