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Stanislas Peccatte
Posté le dimanche 23 octobre 2022 - 07:52
Si le gouvernement n'intervient pas dans les prix pratiqué par la grande distribution ont vas tous disparaître c'est certain de l'élevage a l'agonie deux ou trois vaches pour faire bien sinon la facture alimentaire pour un mois représente la recette donc c'est intenable d'ici quelques mois certainem

Le pronostic vital engagé pour l’élevage bovin

La Haute-Marne est en train de perdre son élevage avec – 11 % 
de vaches laitières et allaitantes sur les six dernières années.

Economie. Il ne reste plus que 188 227 bovins en Haute-Marne alors qu’elle en comptait 250 000 dans les années 80. Ces 18 derniers mois, la baisse devient encore plus vertigineuse. L’élevage “viande” et surtout laitier poursuit sa lente agonie. 

Il n’est plus question d’hémorragie mais plutôt de fracture ouverte qu’il sera impossible de réduire. Le nombre de bovins en Haute-Marne ne cesse de baisser. Elle en comptait 250 000 dans les années 80 et était connue comme l’un des trois départements français qui comptent davantage de bovins que d’habitants (173 000). Cela ne sera bientôt plus le cas avec, aujourd’hui, 188 227 bovins recensés par le Conseil élevage de la Chambre d’agriculture.

Cette déperdition est lente et régulière depuis 40 ans mais elle s’est accélérée avec – 8 % durant les cinq dernières années en passant de 205 685 fin 2016 à 188 227 animaux mi-2022. Jean-Louis Deck, responsable du Conseil élevage, note une accélération du phénomène depuis 2021. Fin 2020, il y avait encore 195 711 bovins en Haute-Marne.

Restructuration des élevages

En faisant la distinction entre les bovins “lait” et les races à viande, sans surprise, il apparaît que « la restructuration de la filière laitière s’accélère ces dernières années avec une perte de plus de 8 % des effectifs laitiers en 18 mois ». Fin 2016, la Haute-Marne comptait 102 290 bovins laitiers (veaux, vaches et mâles). Fin 2020, il y en avait 91 251 et, en juin dernier plus que 83 569. Jean-Louis Deck fait remarquer que « la baisse est moins importante pour la filière viande avec – 7 % en cinq ans ». L’effectif est passé de 81 410 à 75 539 de 2016 à 2022.

Pour trouver des explications à la lente agonie de l’élevage en Haute-Marne, il faut aussi bien aller chercher des raisons conjoncturelles que structurelles. Pour les premières, les sécheresses successives (à l’exception de 2021) ont fait beaucoup de mal dans les fermes. Les éleveurs adoptent comme solution de décapitaliser et donc de vendre des animaux faute de pouvoir les nourrir convenablement d’autant plus que le coût de l’alimentation a explosé cette année.

La place des éleveurs dans la société

Produire moins et préserver ses marges est un comportement fréquent dans les exploitations et encore davantage parmi la nouvelle génération qui rompt avec l’agrandissement permanent qui a usé la profession. La volonté de posséder moins d’animaux apparaît directement dans les chiffres. Fin 2020, les 1 101 détenteurs de bovins possédaient, en moyenne, 177 bovins. Fin 2021, les 1 083 détenteurs atteignaient une moyenne de 175 et actuellement, les 1 079 éleveurs de bovins sont à 174 têtes en moyenne.

Les éleveurs sauvent leur peau avant qu’il ne soit trop tard avec des motivations d’ordre structurel. Le ras-le-bol dans la profession se généralise du fait des contraintes. L’insuffisante augmentation du prix du lait ne fait qu’accentuer le phénomène.

Outre le fait qu’ils ne soient pas rémunérés à la hauteur de leur engagement, ils s’interrogent sur leur place dans la société et le décalage qui se crée. La question revient sans cesse : « Pourquoi travailler 60 à 70 heures par semaine pour une rémunération de 350 € par mois pour un tiers des éleveurs alors que la société privilégie le tout loisirs ?».

Enfin, l’ultime explication à cette disparition programmée de l’élevage est la démographie des éleveurs laitiers. La moitié partira à la retraite dans dix ans mais le phénomène a déjà commencé. Or, un départ est rarement compensé par une installation. Le tout sans prendre en compte les cessations laitières « ordinaires », par dégoût.

Frédéric Thévenin

f.thevenin@jhm.fr

La semaine prochaine, l’engagement de la Chambre d’agriculture aux côtés des éleveurs.

Le tonnerre gronde sur la filière laitière

Entre les éleveurs qui arrêtent de produire du lait du jour au lendemain et ceux qui savent pertinemment que l’atelier ne sera pas repris à leur retraite, l’élevage laitier est dans une impasse. D’où la mobilisation des éleveurs, ce 21 octobre. Elle est portée par la Fédération départementale des producteurs de lait pour que « les éleveurs ne soient plus la variable d’ajustement des transformateurs et de la grande distribution ». Ils seront, à 10 h, au Leclerc de Saints-Geosmes et, vers 11 h, chez Entremont/Sodiaal, à Peigney. Ils se feront entendre au sujet du prix du lait payé aux producteurs, du non-respect de la loi Alimentation et de la transparence sur les marges pratiquées.

Autre illustration de cette impasse : le départ, ce 1er décembre, de quatre producteurs de la laiterie Milleret implantée en Haute-Saône. Ne supportant plus les prix trop bas qui leur sont imposés, ils rejoignent la laiterie Savencia, à Illoud. Il est question de cinq millions de litres de lait. Une paille !

A noter que Laurence Robert-Dehault, députée du Nord Haute-Marne, s’empare du sujet : « Nul doute que des disparités importantes séparent les deux géants industriels du lait en France sur les prix d’achat de la tonne de lait à nos agriculteurs producteurs. Sodiaal restant a priori en retrait de 8 % par rapport à Lactalis. Dans le même temps la grande distribution continue manifestement à faire la culbute sur les prix aux consommateurs. Notre position en toutes circonstances a toujours été de soutenir nos agriculteurs producteurs dans leurs revendications à une juste rémunération de leur travail face à la concurrence européenne ou mondiale. Je ne peux qu’inviter Sodiaal et la grande distribution à tenir compte de la situation et à faire les efforts indispensables à la sauvegarde de la production de lait en Haute-Marne ».

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