Le projet de territoire fait polémique au Clis
BURE. Le comité local d’information et de suivi du projet Cigéo accueillait le sous-préfet de la Meuse pour évoquer le Projet de développement du territoire lié à Cigéo. Sa présentation n’a pas été du goût de tous les participants.
Le Projet de développement du territoire (PDT) est un pan important du projet d’implantation du centre de stockage de déchets nucléaires Cigéo. Le sous-préfet de la Meuse, Narendra Jussien, était invité à la dernière assemblée générale de le comité local d’information et de suivi (Clis) de Bure. Celui-ci en a rappelé les grandes lignes.
Signé en octobre 2019, le PDT pour l’accompagnement de Cigéo est composé de 64 actions comprises dans une enveloppe de 500 millions d’euros pour quinze ans. Des actions qui se divisent en deux axes : « réaliser des aménagements d’infrastructures pour accompagner la réalisation du centre et dynamiser le potentiel socio-économique du projet. Sur le deuxième volet, le sous-préfet citait ainsi des actions sur le développement économique des entreprises, sur l’emploi, sur la création d’habitat mais aussi sur la santé. »
« Nous ne sommes pas un sous-territoire ! »
De quoi faire réagir dans l’assemblée. Comme Jean-Marc Fleury, de l’association des Elus opposés à l’enfouissement des déchets radioactifs (Eodra), particulièrement en colère. « Depuis 1998, les gens se succèdent et nous promettent du développement et de l’emploi. Mais il n’y pas de changement. C’est extraordinaire, Cigéo va améliorer notre santé, nos logements. Mais cela veut dire quoi ? Que s’il n’y avait pas Cigéo, nous ne le mériterions pas ? Nous ne sommes pas un sous-territoire ! C’est un manque total de respect pour la population locale. »
Bertrand Ollivier, maire de Joinville et trésorier du Clis, d’ordinaire plutôt pondéré a également pris la parole, mettant, à son tour, le sous-préfet dans l’embarras. « Je suis très interrogatif par rapport à votre présentation », lui a-t-il lancé. « Vous avez oublié qu’il y a des élus qui travaillent, qui se sont investi, et qui n’ont pas attendu ce projet pour le faire. On se bat comme des fous pour désenclaver le territoire, je voudrais que l’on reconnaisse aussi le travail des élus. » Le maire soulignait également : « Moins on a de population, et plus on fait peser le poids sur les contribuables. Si on voulait vraiment nous aider, on déplafonnerait les financements. »
En réponse, le sous-préfet Narendra Jussien a tenu à rappeler que le projet de développement du territoire « est un travail collectif. Je ne dis pas que tout se fait grâce à l’Etat. On essaye de faire avancer les choses et de faire en sorte que le territoire se développe ». Dans la salle, on ne semblait toujours pas convaincu…
Fr. T.
Le plan national de gestion des déchets en consultation
Emilie Cariou, députée de la Meuse et membre de la Commission des finances de l’Assemblée, était à l’AG du Clis pour y présenter son rapport sur la préparation de la cinquième édition du PNGMDR (Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs), corédigé avec le sénateur Bruno Sido. Elle y a notamment fait part de sa colère sur le fait que, depuis le début du quinquennat qui vient de s’achever, aucun contrôle sur la stratégie gouvernementale portant sur la gestion des matières et déchets radioactifs n’ait pu être réalisé par le Parlement. En effet, la France ne dispose plus de plan depuis 2018. Sans plan officiel, les parlementaires ont dû se procurer une version officieuse sans aucune annexe chiffrée pour produire leur rapport. « Le Gouvernement n’a pas respecté la loi », a-t-elle asséné.
Le projet de cinquième édition du PNGMDR vient justement d’être soumis à la consultation publique, il y a quelques jours, et ce jusqu’au 3 juin 2022. Une page dédiée vient d’être mise en ligne sur le site relatif aux consultations publiques du ministère de la transition écologique. À l’issue de cette consultation du public, le ministère publiera une synthèse de la consultation. « Le PNGMDR ainsi finalisé sera publié et transmis au Parlement, qui le soumettra pour évaluation à l’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST) », annonce le ministère.