Le prix de l’eau éclabousse les consommateurs
Alors que la hausse de son prix est annoncée pour dans quelques jours partout en France, le pack de Cristaline a déjà pris 15 % au centre-ville de Chaumont qui n’est pas responsable de grand-chose dans cette histoire. Il faut plutôt regarder du côté du plastique.
Elle était et restera la moins chère des eaux vendues en pack mais, au centre-ville de Chaumont, elle vient de prendre 15 % du jour au lendemain. Dans un petit commerce de quartier à grande enseigne, les six bouteilles de Cristaline sont passées, d’un coup, de 1,20 € à 1,38 €.
Les faits majeurs dans ce phénomène sont que cette hausse est bien supérieure à l’inflation en France qui dépasse désormais les 5 % (+ 5,2 % en mai selon l’Insee) et que cette inflation touche désormais tous les produits ; même ceux de première nécessité telle que l’eau. A noter que cette hausse, dans les autres magasins, est prévue dans quelques jours sachant qu’ils traitent des volumes plus importants.
« La hausse vive des coûts de transport, de l’énergie et l’envolée des cours des matières premières explique l’augmentation du prix »
Dans les rayons, les consommateurs ne sont pas surpris. Ils disent même qu’ils « s’y attendaient » en annonçant qu’ils boiront davantage d’eau du robinet. Malgré tout, la gorgée est dure à avaler puisque le prix de cette eau n’avait pas augmenté depuis 20 ans.
La marque Cristaline avait bâti son succès sur son prix bas grâce à deux critères essentiels : l’accès à une trentaine de sources différentes en France qui augmente la possibilité de mise en bouteille et diminue les couts de distribution et le plastique des bouteilles plus fin que les autres et donc moins coûteux.
+ 39 % sur le plastique
Or, patatras, le prix du plastique augmente dans de telles proportions (+ 39 % en 6 mois) qu’à moins de le supprimer, il est nécessaire pour la marque et donc pour les distributeurs d’augmenter le prix du pack et de la bouteille d’ailleurs. A noter que, comme pour une bouteille de lait, le contenant est désormais plus important que le contenu. Les prix de l’eau ou de lait d’augmentent pas mais plutôt leur emballage : emballage dont font partie, également, les films plastiques autour des bouteilles.
Alma, le groupe propriétaire de Cristaline, invoque, plus largement, « la hausse vive des coûts de transport, de l’énergie et l’envolée des cours des matières premières » pour expliquer l’augmentation du prix de son produit phare.
Trois phénomènes cumulés pour la mise en bouteille de l’eau
En fait, le « polyéthylène téréphtalate » (PET) a été la victime de trois emballements : la crise sanitaire qui a pénalisé les usines de mise en bouteille qui ont pris du retard sur leur production puis la reprise économique plus forte que prévue qui a dopé la demande et enfin la guerre en Ukraine qui n’a pas encore produit tous ces effets.
L’énergie au cause
Pour cette dernière, il s’agit des prix de l’énergie qui influent que la fabrication du plastique mais aussi sur le transport. Il faut savoir qu’il faut, selon France Industrie, 1,9 kg de pétrole brut pour produire 1 kg de PET. Or, le baril de Brent a augmenté de 51 % sur un an pour arriver à 117 dollars en mai 2022. Comment résister ?
Le problème est que cette augmentation du pack Cristaline touche un nombre important de ménages, au centre-ville de Chaumont et partout en France. Il est l’un des produits de grande distribution les plus achetés. Info importante et amusante : ce pack était, en 2020, la deuxième boisson la plus vendue avec 241 millions d’unités achetées en France pour une chiffre d’affaires de 249 millions d’euros juste derrière… la bouteille d’un litre de Ricard.
Frédéric Thévenin