Le prix de la honte – L’édito de Christophe Bonnefoy
On savait l’humain parfois perturbé. Pour ne pas dire dérangé. Mais quand certains associent une case vide avec une autre, remplie d’intentions peu louables, on a presque envie de penser qu’ils sont perdus pour la science, comme on dit communément. Et ça n’est pas loin de donner envie de vomir.
La science, justement. Selon le site Mediapart, un chirurgien, professeur des universités et praticien réputé, a ainsi tenté de vendre aux enchères la radio d’une blessée du Bataclan, dont le bras avait été transpercé par une balle de Kalachnikov. Accessoirement, le présumé innocent – mais qui aurait reconnu les faits (!!!) – avait justement opéré la jeune femme. On croit rêver. Ou cauchemarder plutôt. Et on touche encore un peu plus le fond, lorsqu’il explique au site d’information l’avoir fait « dans une vocation pédagogique » et s’être (vraiment ?) « posé la question d’un point de vue éthique ». Tout juste reconnaît-il l’erreur de ne pas avoir sollicité l’autorisation de la patiente. Allez, encore un peu plus de dégoût dans cette affaire : la victime avait perdu son petit ami dans l’attaque de la salle de spectacle.
On se demande, au final, quelle pouvait bien être la motivation du médecin. L’argent ? Pas vraiment dans le besoin, on imagine. L’envie de faire parler de soi ? La célébrité aura ici un goût très amer, pour celui qui risque, et des problèmes judiciaires, et une radiation. Mais en tout état de cause, on aurait tendance à se moquer éperdument de l’avenir de ce « professionnel », qui soit dit en passant, estimait cette radio à plusieurs milliers de dollars. Le prix de la bêtise, sans doute. Ou de la honte.