Le premier frigo solidaire haut-marnais est bragard
SOLIDARITÉ. A l’initiative d’un Bragard, le premier frigo solidaire de Haute-Marne a été inauguré, mardi 25 octobre, au Green’s café. Chacun est libre de se servir et d’y déposer des aliments par solidarité. Cette première étape devrait en amener d’autres à Saint-Dizier.
Des yaourts, des bananes, des carottes, des pommes de terre, des pâtes… Véronique Micard commence à remplir un frigo pas comme les autres, dans le Green’s café situé place Emile-Mauguet. Il s’agit d’un frigo solidaire, concept qui est apparu en France en 2017 à l’initiative d’une restauratrice parisienne, Dounia Mebtoul. Le principe est simple : « On vient, on prend de la nourriture, et quand on peut, on donne », résume Véronique Micard, responsable des partenariats associatifs d’Identités Mutuelle, partenaire de l’association Les Frigos solidaires.
Aujourd’hui, une centaine est installée sur le territoire national. Une aide bienvenue pour les étudiants, les sans domicile, les retraités ou encore les familles monoparentales qui sont en difficulté.
Processus
Il y a un an, un Bragard du nom de Yohann Annet s’intéresse de plus près au sujet. Après avoir fait sa petite enquête, il constate que « entre Reims et Nancy, il n’y en avait aucun ». Un constat qui s’applique même à toute l’échelle de la Haute-Marne. Séduit par le côté zéro gaspillage du concept, il commence par sonder autour de lui sur les réseaux sociaux. Avant d’en parler sur le terrain : « Lors de la Foire Sainte-Catherine (en 2021), j’ai rencontré le maire Quentin Brière ». L’idée séduit l’édile, qui lui transmet alors les coordonnées de Virginia Clausse, adjointe aux solidarités et surtout présidente du Centre communale d’action sociale (CCAS). « Cette démarche de solidarité entre dans ce processus d’aide alimentaire que nous souhaitions mettre en place », explique l’élue.
La Ville en soutien, reste désormais à trouver le lieu idoine. Yohann Annet fait alors le tour des commerçants de Saint-Dizier. Il rencontre notamment Pierre Subts, responsable du Green’s café, qui est très intéressé : « J’aurais bien aimé connaître ce concept quand j’étais étudiant. Et la démarche sociologique correspond bien avec les valeurs du lieu », explique-t-il. Banco.
Fonctionnement
Le CCAS finance l’objet, dont le montant est de 1 500 €. L’association Les Frigos solidaires donne son feu vert et signe une convention avec la collectivité. Association que Yohann rejoint d’ailleurs en tant que bénévole. Quant au patron du bar, quelques tables sont poussées pour faire de la place. « Le problème de l’intérieur, c’est l’accessibilité. Mais dehors, il fallait le rentrer tous les soirs », résume Pierre Subts sur la question de l’emplacement. C’est finalement dans le café, au fond à droite de l’entrée, que le frigo solidaire est installé. Un avantage pour Véronique Micard : « Cela permet de créer du partage, du lien social. La personne rentre et peut discuter. Et ça reste suffisamment discret sans que l’on sache si vous vous servez ou si vous déposez des aliments ». L’accès au frigo se fait donc durant les périodes d’ouverture de ce lieu.
Hormis les plat cuisinés faits maison, la viande et le poisson, « tous les produits frais, secs et emballés sont les bienvenus ». Avec le temps, les partenaires viendront y déposer des aliments. Comme des restaurateurs, les grandes surfaces, voire les associations qui récupèrent les denrées non commercialisables. En sachant que Pierre Subts a pour mission de veiller aux dates limites de consommation des produits placés dans le frigo.
Le concept est désormais lancé. En cas de succès, plusieurs hypothèses sont envisagées par la Ville (lire notre encadré). Affaire à suivre.
Louis Vanthournout
Les projets futurs
Le premier frigo solidaire de la Haute-Marne ne restera peut-être pas seul bien longtemps à Saint-Dizier. Parmi les hypothèses évoquées par Virginia Clausse, en cas de succès, « pourquoi ne pas en mettre un au marché couvert sous les auvents ? »
Une chose est sûre, le CCAS veut accentuer cette chaîne de solidarité en concrétisant d’autres projets. Parmi lesquels, la création d’une épicerie sociale et solidaire. « Nous travaillons dessus depuis un an, avec les partenaires associatifs alimentaires et les acteurs sociaux habituels », poursuit l’élue. En ce sens, une dizaine de locaux ont déjà été visités. Pas simple toutefois de trouver l’endroit idéal comme le confiait l’adjointe. D’autant qu’un autre enjeu est à prendre en compte : « C’est de ne pas se substituer aux acteurs déjà en place, de ne pas prendre leur place. Il faut veiller à bien rester entre la gratuité des associations d’aide alimentaire tout en n’impactant pas les commerces concernés ».