Le poison de la routine – L’édito de Patrice Chabanet
En cette période de vœux on aurait aimé laisser percer l’espoir d’un apaisement sur les fronts d’Ukraine et de Gaza. C’était rêver. Le tournant de la nouvelle année a été franchi dans le fracas des armes. Pourquoi se le cacher ? Nous nous y sommes habitués. Le poison de la routine. Chaque jour apporte sa “nouveauté”. Ainsi hier on a appris que l’Iran avait envoyé un navire de guerre en mer Rouge et que l’armée américaine avait coulé trois bateaux houthis visiblement diligentés par les Iraniens. La simultanéité des deux évènements est significative. Ils effacent la frontière entre face-à-face et confrontation. Ils annoncent, on peut le craindre, la prochaine étape, le passage de la confrontation au conflit ouvert.
Du côté de Téhéran des forces espèrent cette escalade pour entraîner le ralliement du monde musulman, histoire de défier le leadership de l’Arabie saoudite. Du côté des Américains on sent monter la volonté de régler son compte à un pays qui les a humiliés depuis la prise de pouvoir par les mollahs.
En Ukraine même détermination des deux côtés : ne pas céder et annoncer déjà que l’année qui vient de commencer sera plus dure encore. Le tempo des drones accompagne un langage de plus en plus guerrier. Parler de paix paraît incongru. Visiblement, les diplomates n’ont pas la main.
Comme si ce cocktail explosif ne suffisait pas, le fantasque dirigeant de la Corée du Nord, Kim Jong Un exhorte son armée à se préparer à une « possible guerre ». Officiellement pour répondre à toute provocation. En réalité le pays a été tellement militarisé que sa raison d’être est la guerre.
2024 semble mal partie d’emblée. La sagesse des hommes est sérieusement prise en défaut. A moins d’un sursaut salutaire.