Le poison de la division – L’édito de Patrice Chabanet
Sale temps pour les partis de gouvernement. La gauche se consume dans des débats sans fin, faute de pouvoir dégager une stratégie de reconquête. A un an de la présidentielle il y a quelque chose de pathétique dans ce pugilat politique. Il ne peut qu’annoncer une défaite et précipiter la chute finale. La droite n’est guère mieux lotie. Chacun y va de ses propositions, notamment en ce qui concerne les rapports entre les Républicains et le Rassemblement national. Guillaume Peltier, numéro 2 de LR n’y est pas allé avec le dos de la cuiller en proposant le rétablissement de la Cour de sûreté de l’Etat, en annonçant qu’il ne soutiendrait pas Renaud Muselier et en affichant sa proximité idéologique avec le maire pro-RN de Béziers, Robert Ménard. Des propos qui ont sévèrement secoué le Parti républicain. Le patron de LR a tenté de siffler la fin de la partie. Peine perdue, car le mal est fait, et pas seulement avec la sortie tonitruante de Peltier. L’ancien membre du Front national n’a fait que creuser un peu plus les divisions congénitales de la droite. Peu se souviennent, semble-t-il, du séisme provoqué par De Gaulle lorsqu’il s’est prononcé pour l’autodétermination en Algérie. Une polémique qui s’est traduite par une quasi-guerre civile.
Christian Jacob n’est pas l’homme de Colombey. Il ne peut que déplorer ces divisions à ciel ouvert. Il lui est impossible de ramener l’ordre dans un parti frappé de strabisme divergent : proximité avec LREM d’un côté, affinités avec le RN de l’autre. Les Peltier, Ciotti ou Morano, en appelant fermement à ne pas voter Macron annoncent déjà les contours d’une recomposition politique. A l’inverse, un opposant sans concession à la politique macronienne, Xavier Bertrand, appelle pourtant ses électeurs à faire barrage au RN dans une législative partielle. La gauche et la droite travaillées par des forces centrifuges et le parti du président, LREM, sans ancrage territorial, le tableau de bord de la politique française mène tout droit à un face-à-face Macron-Le Pen.