Le piège versaillais – L’édito de Patrice Chabanet
L’idée était sans doute bonne, mais la convocation annuelle du Congrès donne surtout lieu à la polémique. Il y a un an, l’exercice était pratiquement passé comme une lettre à la poste dans le sillage de la victoire éclair et massive d’Emmanuel Macron. Aujourd’hui, le contexte a bien changé. Les sondages ne sont pas bons pour l’exécutif, même si aucune des oppositions n’est perçue comme crédible pour une éventuelle alternance. L’image du « président des riches » est solidement collée sur le front du chef de l’Etat. Du coup, les fastes du château de Versailles ne font que la renforcer et alimentent une solide guérilla dans laquelle se mêlent extrême gauche et extrême droite. Il fallait s’y attendre.
Emmanuel Macron n’hésite pas à aller au charbon. Il n’évite pas les manifestants qu’il trouve dans ses déplacements en province. Devant le Congrès, il n’y aura pas de débat en sa présence, comme le veulent les institutions. Mais sera-t-il écouté courtoisement par les parlementaires qui le combattent ? Ce sera un premier test sur l’évolution du climat politique dans le pays depuis un peu plus d’un an. Au-delà de la représentation nationale, il s’agira de convaincre les Français. Or, à l’évidence, ils restent sur leur faim. Selon les enquêtes d’opinion, ils sont favorables aux réformes promises par le candidat Macron. Mais ils déplorent l’absence de résultats sur le plan social, notamment en termes de pouvoir d’achat. En résumé, la flexibilité est là, mais pas la sécurité des salariés. Le « en même temps » n’est pas respecté.
Pour desserrer l’étau du doute et, parfois, de la défiance, le président de la République aurait intérêt à privilégier un discours de combat sur des thèmes forts : le rééquilibrage social de sa politique, la gestion du dossier migratoire, la réduction des déficits publics, la sécurité. La tâche n’est pas facile, car l’opinion publique et les oppositions ne connaissent pas le temps long. Il faudra plus qu’un Congrès pour surmonter l’obstacle.