Après Saint-Dizier, « le Père Fouettard a le seum »
Samedi 3 décembre, en soirée, saint Nicolas est venu prendre son bain de foule à Saint-Dizier. A ses côtés, un Père Fouettard pas dans son assiette, qui ne se remet toujours pas de « ne plus faire peur ». Six jours après, il nous fait part de son coup de gueule.
jhm : Père Fouettard, samedi dernier, on vous a senti esseulé et triste, alors que la venue de saint Nicolas est toujours pour vous l’occasion de fouetter les enfants pas sages. Que s’est-il passé ?
Père Fouettard : Plus personne n’a peur de moi. Les gens sont champions du monde pour vous huer, mais pour avoir peur de vous, il n’y a plus personne. Je ne sais pas ce que c’est, cette nouvelle génération, je veux bien jeter du charbon, donner deux ou trois coups de fouet, mais il faut me donner les moyens. Même quand les parents me présentent leur enfant « pas sage », celui-ci fait le mariole.
« Ce n’est pas un masque, c’est mon vrai visage »
jhm : Vous parlez de moyens. C’est-à-dire ?
P. F. : Je veux qu’on remette le Père Fouettard sur le devant de la scène. Je suis violent, je ne suis pas beau, je fouette. Je me demande si les associations de protection de l’enfance n’y sont pas étrangères.
jhm : Vous pensez qu’on surprotège les enfants pas sages ?
P. F. : Je le pense. On est train de déséquilibrer les enfants. Et tout part à vau-l’eau. Ou au charbon c’est selon. Moi s’il faut les punir, je peux !
jhm : On vous sent remonté…
P. F. : Bien sûr ! Vous vous rendez compte, pour cette Saint-Nicolas, je n’ai pas donné un coup de fouet ! Et ça fait quelques années que ça dure. Il y a eu un changement radical du comportement des enfants. Merci internet ! Les enfants, très tôt, voient des films d’horreur et n’ont plus peur. Ça les fait rire, c’est devenu un amusement. J’entends « vous avez vu, il a un masque »… Mais ce n’est pas un masque, c’est moi, mon vrai visage. On se moque de moi alors que j’avais mis mes plus beaux habits de lumière !
jhm : Est-ce que saint Nicolas vous empêche de donner des coups de fouet ?
P. F. : Non, avec lui, j’ai toujours carte blanche. J’arrive à le maîtriser. Je lui ai même donné deux coups de fouet durant la cérémonie, car à un moment, il n’était pas sage.
« Je ne suis pas gentil ! »
jhm : Parlez-nous de la séance photo après le lancement des illuminations. On vous y a vu très en retrait.
P. F. : Là aussi, à part deux enfants qui ont hurlé en me voyant, tout le monde était content ! On m’a même fait des câlins ! J’aurais préféré qu’on me jette des trucs. Faut dire que les parents sont idiots, aussi. Tu les entends dire : « T’as vu, il est gentil le Père Fouettard »… Je ne suis pas gentil ! Je suis là pour remettre de l’ordre ! Maintenant, le Père Fouettard, comme disent les jeunes, il a le seum ! Vraiment.
jhm : Que faire pour changer les choses dès l’année prochaine ?
P. F. : Je vais commencer par fouetter les parents qui n’ont pas fait le job. J’en ai déjà identifié quelques-uns dans tous les quartiers, du centre-ville au Vert-Bois en passant par les Ajots et La Noue. Je ferai un petit passage par Marnaval aussi.
Propos recueillis par Nicolas Frisé