« Le patrimoine funéraire, c’est la mémoire d’une société »
Le Printemps des cimetières, événement national de mise en valeur du patrimoine funéraire, a lieu ce samedi 13 et ce dimanche 14 mai. A Saint-Dizier, Carole Andrieux propose aux visiteurs de partir à la découverte des symboles omniprésents sur les monuments des cimetières.
« Le Printemps des cimetières, c’est comme les Journées du patrimoine, mais pour le funéraire ! » Samedi 13 et dimanche 14 mai, Carole Andrieux, guide-conférencière, propose des visites des cimetières de Gigny, de La Noue et de Joinville. « Cela fait très longtemps que je fais des visites guidées dans les cimetières pour expliquer aux gens la symbolique funéraire », explique-t-elle. « Et ils sont souvent surpris de découvrir tout ce qui se cache sur les monuments funéraires, notamment ceux de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, une époque où l’on veut laisser une trace de ce qu’on était. »
Symboles funéraires : « Très intéressant quand on prend le temps de regarder »
Pour sa 8e édition, le Printemps des cimetières a choisi pour thème les “symboles et ornements”. C’est donc sur les détails que s’arrêtera Carole Andrieux. « C’est très intéressant quand on prend le temps de regarder. » Comme sur ce monument du cimetière de Gigny où l’on peut apercevoir deux petites têtes sculptées. « C’est l’église et la synagogue », précise la guide. « L’une d’elle a les yeux bandés, pour symboliser le peuple juif qui n’a pas su reconnaître l’arrivée de Dieu. C’était sûrement une famille très religieuse. »
Des signes qu’il faut savoir interpréter
Omniprésents, les symboles végétaux aussi ont un sens bien précis. Vigne, lierre, chêne… « C’est la notion de vie, de force, de renaissance… Et si un arbre est tronqué, c’est que la personne est morte jeune. » Des signes qu’il faut savoir interpréter, car certains peuvent être trompeurs, comme cette ancre qui ne désigne vraisemblablement pas la tombe d’un marinier, mais qui a été placée là comme symbole de l’espérance. « C’est tout cela que je vais montrer aux visiteurs. Tout ce que l’on ne voit pas si on ne prend pas le temps d’observer », ajoute Carole Andrieux.
« Ces visites sont très respectueuses »
La visite du cimetière de La Noue sera, quant à elle, l’occasion de découvrir différents rites funéraires et leurs symboles. « En 1877, la Ville a eu besoin d’agrandir le cimetière de Gigny et a donc déplacé le carré juif à La Noue. En 1904, quand il a fallu l’agrandir, la Ville a négocié avec la communauté juive pour ne pas appliquer la tradition de la concession à perpétuité. Les tombes à l’état d’abandon peuvent donc être relevées, ce qui est normalement interdit par la religion juive. » Ou la présence sur certaines tombes de gens du voyage d’un petit hérisson, symbole de la communauté.
Si visiter un cimetière peut choquer certaines personnes, Carole Andrieux se veut rassurante : « Ces visites sont très respectueuses et réglementées. Elles ne s’attardent que sur le patrimoine funéraire, qui est la mémoire d’une société », conclut la guide, qui a obtenu une autorisation spéciale de la mairie pour ces visites.
Visites gratuites. Samedi 13 mai, à 14 h : cimetière de Gigny ; à 16 h : cimetière de La Noue. Dimanche 14 mai, à 10 h : cimetière communal de Joinville ; à 14 h : cimetière juif de Joinville.
P.-J. P.