Le pass, ça passe – L’édito de Patrice Chabanet
Ce n’est pas une victoire majeure, mais c’est une victoire. Le gouvernement avait tout à craindre de la décision du Conseil constitutionnel sur le projet de loi concernant le renforcement de la lutte contre le Covid. A l’arrivée, l’extension du pass sanitaire a été validée, comme l’obligation vaccinale pour les soignants. En revanche ont été retoqués la rupture du CDD pour absence de pass et l’isolement obligatoire des malades pendant dix jours.
Comme on pouvait s’y attendre la décision des juges constitutionnels a été attaquée essentiellement par l’extrême gauche et l’extrême droite. Cette condamnation, faut-il le souligner, revient à remettre en cause le rôle et l’honnêteté d’une institution garante du bon fonctionnement de l’Etat de droit. A réfuter sa position d’arbitre et de recours.
L’exécutif a gagné une manche. Mais la suite risque d’être plus difficile, plus piégeuse même. L’obligation du pass sanitaire dans les cafés et les restaurants, terrasses comprises, dès ce lundi est une pierre d’achoppement. Elle alourdira la fluidité du service et se heurtera à l’incompréhension de certains clients. Les serveurs ne se sentent pas l’âme de contrôleurs. Quid des provocateurs – il y en aura – qui exigeront d’être servis sans le précieux sésame ? Cela dit, les restaurateurs et les propriétaires de café préfèrent les contraintes qui leur sont imposées au retour du confinement. Entre deux maux, il faut choisir le moindre.
Tout dépendra en fin de compte de l’évolution de la pandémie et de l’efficacité des parades qui lui sont opposées. La quatrième vague continue à se propager, de manière inégale. Si elle reflue, la polémique s’estompera d’elle-même et on oubliera les débats sans fin sur les libertés individuelles. Si, au contraire, elle demeure à un niveau élevé la polémique connaîtra un nouveau variant de virulence, plus contagieux.