Le paraître et la réalité – L’édito de Patrice Chabanet
Que n’a-t-on dit sur la marche forcée de la Chine ! La quasi totalité des spécialistes la voit détrôner les Etats-Unis de leur leadership mondial. Ses prouesses technologiques ne se comptent plus, de l’édification d’un solide outil industriel à la formation d’une armée impressionnante en passant par la conquête spatiale. Mais à y regarder de près, les progrès réalisés par la Chine cachent des failles inquiétantes. Les libertés individuelles, en particulier, n’ont rien gagné de ces bonds en avant. Au contraire. Les caméras à reconnaissance faciale transforment par exemple le pays en vaste centre de surveillance à ciel ouvert. L’univers orwellien paraît complètement ringardisé.
L’explosion des nouvelles technologies n’a fait que renforcer le sentiment d’une emprise inéluctable d’un parti dictatorial (le PC chinois) sur la société. Mais dans le même temps elle laisse filer la contestation. Chaque jour des manifestants font entendre leurs voix pour dénoncer les confinements liés à la résurgence du Covid. Une prise de risques insensée quand on connaît l’histoire de la Chine communiste. Du temps de Mao, le régime desserrait régulièrement le garrot de la répression pour mieux identifier les contestataires et pour pouvoir les éliminer. C’est ainsi qu’en 1957 s’est terminée dans le sang la « Campagne des cent fleurs ». Aujourd’hui, le président Xi Jinping paraît plus policé et surtout focalisé sur le rôle de la Chine dans le monde. Mais il a obtenu du parlement l’abolition de la limitation des mandats présidentiels. Rien qui ressemble vraiment à une politique d’ouverture. Les contestataires savent à quoi s’en tenir.