Le numérique, loin d’être écologique

Le lycée Charles-de-Gaulle a reçu Lynn Reiner, de la société Ingetel ce lundi 30 janvier. Elle a proposé à plusieurs élèves une conférence sur l’impact du numérique sur l’écologie. Une façon de les sensibiliser au sujet et de leur en faire comprendre les enjeux.

Ce n’est pas la première fois que Lynn Reiner vient proposer une conférence au lycée Charles-de-Gaulle. En février 2022, elle était déjà venue parler des smart building ou bâtiments intelligents. En fait, il s’agit de bâtiments qui, avant même leur construction, sont conçus pour contrôler et gérer leur consommation énergétique, aidés en cela par de nombreux capteurs et outils numériques. Cette fois-ci, la venue de cette professionnelle le lundi 30 janvier lui a permis d’aborder un sujet beaucoup plus large, à savoir celui de l’impact du numérique sur l’écologie.

Bien entendu, elle a tout de même commencé la conférence en expliquant le concept de smart building et le rôle d’Ingetel, bureau d’études dans la conception et construction de bâtiments, la société pour laquelle elle travaille. Tous ces concepts ne sont d’ailleurs pas inconnus aux élèves, les premières et terminales Sciences et technologies de l’industrie et du développement durable et les terminales en option Numérique et sciences informatiques, car ils les ont étudiés en cours, notamment avec Rémy Mangel, professeur en Sciences de l’ingénieur, et Rachel Lavie-Dalmat, enseignante en anglais.

Vers un numérique vert ?

La conférence s’est ensuite poursuivie sur le thème plus spécifique du numérique. « Il représente 10% de notre production énergétique », explique Lynn Reiner pour montrer l’ampleur du phénomène. Pour être encore plus précise et parler aux jeunes générations, elle a concentré ses propos sur les téléphones portables. « Je pense que vous avez tous des smartphones sur vous. Il a fait le tour du monde 10 fois avant d’arriver dans votre poche ! », leur affirme-t-elle.

Pour bien qu’ils comprennent, elle leur a parlé des composants d’un smartphone. Des dizaines d’éléments le composent dont beaucoup ne seront bientôt plus produits. Ainsi, le lithium, le cobalt et le nickel, qui entrent dans la composition des batteries ne pourront plus être extraits du sol en 2037, 2032 et 2039 car la Terre n’en contiendra tout simplement plus. Quant au recyclage du numérique, il est pour l’instant insuffisant. « On ne recycle que 25 millions de tonnes de matériaux alors qu’il en faudrait 39. »

Pourtant, des solutions existent : le recyclage, la réparation mais également la réflexion. Inutile par exemple d’équiper un logement avec la fibre si les habitants n’en ont pas besoin. Lilian Caule, directeur technique d’Anitec, organisation professionnelle regroupant des experts techniques, est également intervenu en visio. Il a parlé de la domotique.

« Les capteurs peuvent être intégrés dans l’électroménager. Un frigo peut maintenant annoncer ce qu’il contient. Il peut même passer commande en magasin ! » Il explique que, maintenant, de plus en plus de personnes font appel à la domotique, même à titre professionnel. Ainsi, les agriculteurs, qui subissent de nombreux vols, investissent pour protéger leurs outils. Autre exemple : pour une personne âgée, il est possible d’installer des plinthes qui s’éclairent de la chambre aux toilettes. »

Aujourd’hui, « la logique est de faire mieux avec moins », note-t-il. Un véritable défi actuellement mais aussi pour les générations à venir. « Il faut vous attendre à une évolution extrêmement rapide dans tous ces domaines. »

Laura Spaeter

l.spaeter@jhm.fr

Décisions politiques

Lynn Reiner a expliqué que beaucoup de décisions liées à l’environnement étaient dues aux politiques. « Je leur conseille la méthode des 6R : ralentir la vitesse des décisions, réfléchir aux vrais besoins, refuser toute technologie qui ne correspond pas, réduire l’empreinte carbone, réutiliser et recycler. » Etienne Marasi, vice-président de l’Agglo en charge du développement durable et de la transition énergétique est intervenu, en fin de séance, expliquant ce qui est mis en place à l’Agglo : charte sur le photovoltaïque, alliance avec l’association Soliha… Il s’est également exprimé en tant qu’élu régional. « Beaucoup de toits seront solarisés par le Grand Est. On commencera par Pisani. »