Le Nobel du courage – l’édito de Patrice Chabanet

Elle s’appelle Narges Mohammedi. Elle croupit dans une prison iranienne. Son crime : la défense des droits de la femme, et plus largement des droits humains. Le comité Nobel vient de lui décerner le prix Nobel de la paix 2023. Une distinction qui aurait pu lui valoir le Nobel du Courage. Cette militante, condamnée à 16 ans de prison, n’a jamais baissé les bras. Une attitude qui en dit long, une fois de plus, sur un régime policier bâti sur la lecture maladivement rigide du Coran.

L’attribution d’un prix n’a jamais fait tomber une dictature. Mais elle participe à son démantèlement progressif. La société iranienne, à commencer par les femmes, secoue le joug de l’extrémisme religieux. Ce sera un travail de longue haleine qui se paiera par une répression accrue. Les contestataires sont tuées par dizaines à l’occasion de chaque manifestation, d’autres sont embastillées, d’autres encore disparaissent.

Jusque là, l’Occident condamne, mais pas question d’intervenir au nom de la non-ingérence. Il faudra donc attendre longtemps avant que l’espoir reprenne le dessus sur le doute. L’exemple afghan est là pour nous rappeler que les régimes ultra-religieux ne manquent pas d’imagination pour conserver le pouvoir. Ils sont d’autant plus dangereux qu’ils sentent une opposition démocratique s’organiser vaille que vaille. L’Iran n’atteint pas encore le niveau des talibans. Une maigre consolation. Le courage des Iraniennes salué par le Prix Nobel de la Paix mérite mieux qu’un soutien convenu. L’arme des sanctions économiques doit être renforcé significativement. C’est bien la moitié de la population – les femmes – qui sont encagées sous leurs voiles.