Le moteur de la peur – L’édito de Patrice Chabanet
La Cop26 n’a aucune chance de renverser les montagnes, comme les éditions précédentes d’ailleurs. Les pays les plus pollueurs ne font pas d’excès de zèle. La Terre continuera de tourner, tel est leur message subliminal. Mais à y regarder d’un peu plus près et à écouter certaines déclarations on observe certaines évolutions. Malgré son côté toujours un peu fantasque, le discours de Boris Johnson nous montre que la prise de conscience est montée de plusieurs crans. « Si Glasgow échoue, tout échoue », a-t-il déclaré. Venant de la bouche d’un tenant pur et dur du laissez-faire libéral, il y a de quoi être surpris. Cette déclaration nous renvoie à celle de Jacques Chirac : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs ». Comme si le moteur de la peur était le seul à fournir des munitions dans la lutte contre le réchauffement climatique. Sauf que cette fois-ci ce n’est pas seulement notre maison qui brûle, mais des pans entiers de la population mondiale qui sont directement menacés. De larges bandes côtières risquent de passer sous le niveau de la mer et la fonte des glaciers dans les pôles va mécaniquement libérer des milliers de tonnes de C0² emprisonnés dans le permafrost.
C’est dur à dire, mais seule une catastrophe écologique majeure fera passer les prises de conscience qui se multiplient – et qui ne sont pas toujours sincères – au stade de l’action. Il est clair que si les Etats-Unis, la Chine et la Russie prennent le problème à bras-le-corps on peut espérer la mise en place de stratégies fortes. Ces grands Etats ne le feront pas par philanthropie, mais parce que leur propre survie est aussi en jeu. Encore quelques minutes, monsieur le bourreau.